Chapitre 23

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-Merde, mais comment est-ce qu'on va faire ?

Nate passe la main dans ses cheveux pour la énième fois en soufflant, l'air énervé. Ou paniqué, plutôt. Je hausse les épaules, mes mains jouant toujours avec mon téléphone. Bruce a raccroché depuis plusieurs minutes, déjà, et pourtant, j'ai toujours l'espoir qu'il me rappelle en disant qu'il peut nous emmener jusqu'à Stockholm, finalement.

Oui, c'est égoïste. Sa grand-mère a besoin de lui à son chevet, et moi, je préférerais qu'il annonce qu'il peut venir dans la capitale.

-Je suis désolée, Nate, soupiré-je en laissant ma tête tomber sur le dossier du canapé.

-C'est mort, réplique mon ami. Cette fois-ci, c'est fichu, on n'arrivera jamais à voir ce match.

Sa voix tremblotte lorsqu'il prononce ces derniers mots. Si je n'avais pas su l'importance que ce sport a pour lui, je me serais moquée de lui, et de sa façon de dramatiser les choses. Ce n'est qu'un match, après tout. Sauf pour Nate.

-On va trouver une solution, assuré-je. Il nous reste encore le bus ou le train, ce n'est pas si loin.

Il m'adresse un regard noir.

-J'ai pas l'argent pour me payer un billet de train, Ivy. Et il est hors de question que tu payes à ma place, peu importe que tes parents aient beaucoup d'argent ou non.

Je me mords l'intérieur de la joue avec nervosité, cherchant mes mots.

-Tu as ton permis, n'est-ce pas ? demandé-je avec espoir.

-Je viens d'avoir dix-sept ans, il me reste encore un an avant de pouvoir conduire seul.

Un gémissement d'impuissance s'étouffe au fond de ma gorge et je soupire à nouveau, exaspérée.

-Alors on prend le bus, décrété-je. Nate, il faut absolument qu'on y aille.

Le garçon châtain vient s'asseoir à côté de moi, les poings liés sur sa tête, et les coudes reposant sur les genoux.

-Ça se voit que tu ne connais pas mes parents, maugrée-t-il. Ils ne seront pas rassurés de me voir prendre le train ou le bus, et encore moins de me laisser aller seul dans la capitale.

-Eh bien tant pis !

J'attrape son ordinateur, posé à côté, sur la table basse de la pièce, avant d'entrer une recherche.

-On a environ deux heures de route en bus, annoncé-je. Une journée à pieds, et six heures trente de trajet si on y va à vélo. C'est largement faisable, alors tu n'as aucune excuse. Et peu importe ce que tes parents en pensent. Tu as le droit d'aller jusque dans la capitale, ça ne va pas te tuer !

Mon ami lève les yeux au ciel, agacé, avant de se tourner vers moi.

-Mes parents sont genre... hyper protecteurs, avoue-t-il. Me savoir à Stockholm ne va pas les rassurer du tout.

-Je réserve les billets de bus pour demain, et toi, tu t'occupes de convaincre tes parents, ordonné-je sans relever sa dernière réplique. Je passe te chercher dans la matinée.

Je me lève et jette un coup d'œil à ma toile, pas encore terminée. Il faut qu'elle sèche avant que je ne puisse entamer le reste. Lorsque je me retourne vers Nate, il a la mine renfrognée.

-Ce n'est pas grand chose, tu sais, dis-je d'une voix douce. Et c'est pour toi. Ils vont être heureux de savoir que tu renoues avec le basket.

NATE

Je me laisse tomber en arrière sur le sofa à l'instant où Ivy monte les marches de l'escalier qui ramène vers le centre de la maison. Les mains sur les paupières, dans le noir, je tente de faire le vide, de respirer lentement. Ce n'est pas grand chose, après tout, comme elle l'a dit. Au fond, je suis certain que mes parents me laisseraient aller au match avec mon amie, et qu'ils me laisseraient me débrouiller seul pour m'y rendre.

HOMELESS (Tome 1)Where stories live. Discover now