Chapitre 18

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J'inspire longuement, le regard rivé devant moi.

-D'accord, j'ai compris, je capitule. Tu ne me dis rien, et moi non plus.

Nate me tend la main afin que je tape dedans.

-Mais à une condition, préviens-je. Si un jour, ça devient trop lourd à porter, ou si quelque chose de vraiment mal t'arrive à cause de ce truc que tu caches, tu m'en parleras. Et ce n'est pas négociable.

-Deal.

Ma paume claque contre la sienne dans un bruit qui résonne autour de nous.

-Mais n'oublie pas que c'est valable pour toi aussi, rappelle Nate.

Le sourire qui s'était installé sur mes lèvres s'évanouit de nouveau. L'espace de quelques secondes, mon rythme cardiaque s'élève brusquement. S'il était au courant de ce qui se passe chez moi, ses mots auraient une connotation différente. Se pourrait-il qu'il sache, même si je n'en ai parlé à personne ? Mes mains deviennent moites, et je les essuie sur mon jeans en tentant de masquer mon trouble.

-Ça te dit de retourner à l'intérieur ? m'enquis-je afin de changer de sujet.

-Ça dépend. Quelle heure est-il ?

Je fronce les sourcils,intriguée par sa question mystérieuse.

-Une heure trente. Pourquoi ?

Nate se lève.

-Ce n'est plus mon anniversaire, techniquement. Alors tout va bien, on peut retourner là-bas.

-Pourquoi est-ce que tu n'aimes pas cette journée ? demandé-je en le contournant. C'est censé être ton jour, ton heure, pourtant.

-C'est une perte de temps et c'est inutile. Sincèrement, à part recevoir des cadeaux parce qu'on a un an de plus, à quoi cela sert-il ?

J'acquiesce, contrainte d'accepter qu'il n'a pas réellement tord, sur ce point. Mes anniversaires, depuis mon enfance, se résument à un repas de famille pour la forme, histoire de ne pas oublier que j'ai un an de plus. L'année de mes dix-huit ans sera pareille, je suppose. Pas de fête avec de gros ballons et des amis. Juste ma famille barbante qui va passer une soirée entière à se vanter de toutes les réussites qu'elle a eu dans sa vie.

Je secoue la tête afin de chasser ces pensées.

-On y va, dans ce cas ?

Je me lève et tire Nate par la manche de son pull. Dès je pousse la porte, un gars sort en titubant, et nous nous reculons afin de le laisser passer, accompagné de son ami. En nous voyant, le gars se met à sourire, et levant les bras – laissant l'alcool de la bouteille qu'il tient couler sur ses chaussures – il hurle dans la rue silencieuse :

-Bonne année les gars ! Joyeux Noël !

Je me mords l'intérieur des joues pour maîtriser le rire qui me gagne.

-Tu es un peu en avance, répliqué-je en souriant. Mais bonne année aussi, oui.

Il rigole sans comprendre durant quelques secondes, avant de régurgiter le contenu de son estomac devant lui. Un haut-le-cœur me prend, et je détourne le regard afin de ne pas vomir à mon tour. Nate me tire rapidement jusqu'à l'intérieur de la maison, un peu plus calme que tout à l'heure. Certains dorment à même le sol, sans doute trop ivres pour rentrer chez eux. Il reste néanmoins une bonne vingtaine de personnes sur la piste de danse improvisée, se déhanchant sur du Lady Gaga.

-Tu veux boire quelque chose ? hurle Nate par-dessus la musique trop forte.

Je secoue la tête avant de désigner le centre du salon du menton.

HOMELESS (Tome 1)Where stories live. Discover now