Chapitre 38

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[C'est le dernier chapitre avant ma pause, même si j'essaierai de poster entre temps, sûrement aux alentours du 20 mai - enjoy !]

Lorsque Nate frappe à la porte de la chambre que j'occupe, le lendemain après-midi, je n'ai toujours pas bougé. La veille au soir, je me suis roulée en boule dans les couvertures dont je ne connais pas l'odeur, et je me suis endormie aussitôt, éreintée par la journée qui venait de se dérouler. Malgré un sommeil peuplé de rêves étranges sur ma famille et d'ombres grandissantes, j'ai pu me reposer.

Seulement voilà. Je ne veux pas me lever, ni manger. Mon appétit m'a déserté, remplacé par un nœud dans mon estomac. Je n'ai rien avalé depuis hier midi, et la simple vue de la nourriture suffit à me donner la nausée.

C'est impoli, par rapport aux parents de Nate, mais je ne parviens pas à me forcer. Et le pire, dans tout cela, c'est que je ne sais même pas pourquoi exactement je réagis de cette manière maintenant. Après tout, je sais que mes parents ne m'aiment pas et ne voulaient – ne veulent toujours pas, d'ailleurs – de moi dans leurs vies depuis près d'un an. Ce n'est pas comme si cette nouvelle m'était tombée dessus hier !

-Ivy ? m'appelle mon ami de l'autre côté de la porte.

Je me redresse dans le lit alors qu'il rentre, un plateau dans les bras. Dessus sont posés une tasse et le repas de ce midi. Je plisse le nez lorsqu'il le dépose à côté de moi avant de s'asseoir sur le bout du matelas.

-Je pense que je peux te le rendre, maintenant, poursuit-il en sortant quelque chose de sa poche.

L'éclat brillant de l'objet m'apprend qu'il s'agit de mon téléphone portable. Hier, il me l'a confisqué pour ne pas que je sois en contact avec mes parents. Je m'étais imaginée qu'il me le rendrait seulement à la fin des vacances.

-Ils n'ont pas cherché à te joindre, me prévient Nate tandis que j'allume l'appareil.

Il cherche une réaction dans mes yeux bleus, sans en trouver. Tout simplement car je ne ressens rien. Pas même un pincement au cœur en sachant que mes géniteurs n'ont pas voulu m'appeler. Au contraire, je me sens presque soulagée qu'ils ne l'aient pas fait. Ça aurait été déplacé de leur part.

-Merci, murmuré-je d'une voix enrouée.

Lorsque je déverrouille l'appareil, j'ai un appel manqué, ainsi que plusieurs messages venant du même numéro. Mes sourcils se froncent, et je relève la tête vers Nate.

-Pourquoi est-ce que Björn a essayé de me joindre ? m'enquis-je avec étonnement.

Nate prend un air innocent, mais ses joues qui rosissent le trahissent. Il se tortille sur place, mal à l'aise. Sa réaction me met la puce à l'oreille. Il ne l'a quand même pas appelé ?

-J'ai pensé que ça te ferait du bien de lui parler. Et qu'il sache ce qui se passe ici, pour toi.

-Mais ça va l'inquiéter plus qu'autre chose ! m'exclamé-je. Tu ne lui as pas tout dit, au moins ?

Il grimace et passe une main dans sa nuque, gêné. Je soupire d'exaspération. En l'espace d'une journée, plusieurs personnes ont déjà appris ce que j'ai mis tant de temps à cacher. Et cela ne me plaît pas du tout.

-Heureusement que je t'avais dit de n'en parler à personne...

-Tu m'as juste demandé de ne rien dire à Bruce et Gemma ! se défend le châtain.

Je suis si lasse que je ne prends même pas la peine de lever les yeux au ciel. J'aurais seulement préféré qu'il m'en parle, avant de répéter à d'autres ce qui se passe dans ma famille. Ça m'a demandé un effort énorme de lui parler, et je n'ai pas envie que de plus en plus de gens soient au courant.

HOMELESS (Tome 1)Where stories live. Discover now