Chapitre 15

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Avec un soupir, je resserre les pans de la serviette qui entoure mon corps avant de jeter un coup d'œil à mes vêtements de la veille, posés sur le sol. Je n'ai pas d'autre choix que de les remettre : il est hors de question que je rentre chez moi, et encore moins que j'aille en cours. C'est le premier endroit où mes parents me chercheront – s'ils me cherchent, du moins. Je parie qu'ils sont allés au travail sans se soucier plus de moi. Bruce a seulement envoyé un message à mon père, depuis mon téléphone, lorsque je dormais, lui expliquant que je restais chez un ami pour la nuit.

Le problème, à présent, est que je ne veux pas retourner chez moi. Je ne peux pas.

-Tu penses que je peux venir discrètement dans tes cours, aujourd'hui ? demandé-je à Bruce en arrivant dans la petite cuisine.

Il laisse tomber une cuillère de chocolat en poudre dans sa tasse avant de se tourner vers moi.

-N'y pense même pas, prévient-il.

-Quoi ? S'il-te-plaît, c'est juste pour aujourd'hui. Je ne peux pas aller en cours maintenant.

-Tu as un examen à la fin de l'année, et vu ce qui se passe en ce moment pour toi, louper des cours n'est vraiment pas bon, débite-t-il.

Il passe la tasse au micro-ondes, en ponctuation à sa phrase, alors que je reste le fixer sans comprendre, hébétée.

-Mais qui êtes-vous ? me moqué-je. Je ne connais pas cette facette de toi, Bruce. Toi, tu me dis que je dois bosser ?

-C'est ça, fous-toi de moi, réplique-t-il en riant. En attendant, j'ai mon diplôme, moi. Alors que tu vas repiquer ton année, si tu continues à sécher les cours et à ne rien faire.

Je lui tire la langue. Il s'assoit sur une chaise haute et me tend la tasse de chocolat fumant, le regard soudainement sérieux. Un soupir s'échappe de ses lèvres.

-Tu peux rester ici, si tu ne le sens vraiment pas, lâche-t-il.

-Sérieusement ?

Bruce hausse les épaules, l'air nonchalant.

-Je peux bien louper une journée de cours, lance-t-il. Surtout que tu as besoin de soutient. Même si tu ne veux rien m'expliquer sur ta situation familiale – et je ne te fais aucun reproche là-dessus, crois-moi – je sais que c'est compliqué, pour toi. Peut-être qu'une pause te fera du bien.

Un sourire flotte sur mes lèvres. J'aimerais lui dire à quel point je lui suis reconnaissante pour ce qu'il fait pour moi, pour m'aider, alors qu'il n'en est pas obligé. Mais les mots refusent de passer la barre de ma bouche, restant coincés dans ma gorge.

-Merci, parviens-je finalement à murmurer.

-Mais ce soir, tu rentres chez toi, prévient le brun. Tu ne pourras pas fuir éternellement tes parents.

J'acquiesce sans un mot de plus, incapable de prononcer la moindre parole. Un long silence s'installe entre nous deux, remplissant l'atmosphère de la pièce.

-Marathon Star Wars ? propose Bruce après un moment, avec un grand sourire.

-Avec plaisir !



Alors que le générique du quatrième film s'affiche sur l'écran, je me redresse, les muscles endoloris à force de rester assise sur le canapé – avachie correspondrait mieux à ma position, en réalité. Je m'étire longuement avant de me lever en me frottant les joues. Bruce s'est endormi au beau milieu du film, à moitié allongé sur son fauteuil miteux.

Je jette un coup d'œil à mon portable : il est déjà dix-huit heures trente, je devrais rentrer. Cette perspective ne m'enchante absolument pas, mais je suis bien obligée de retourner chez moi. Avec un peu de chance, je serai à la maison avant mes géniteurs, et n'aurai donc pas à les croiser avant un moment. Du bout du pied, je tape doucement dans l'épaule de Bruce afin de le réveiller.

HOMELESS (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant