Chapitre 21

Depuis le début
                                    

-Tu sais que faire une nuit blanche la veille d'un contrôle de maths de deux heures, ce n'est pas une bonne idée ?

Je relève la tête avec peu d'énergie en entendant Nate s'asseoir à côté de moi, à même le sol.

-Qu'est-ce qui te dis que j'ai fait une nuit blanche ? parviens-je à rétorquer.

-Ta tête. Tu es blanche comme un linge, tu as les cernes les plus longues du monde et tu respires la fatigue.

Je hausse les épaules, espérant au fond de moi qu'il ne me demande pas comme je me porte. Ni la raison qui m'a empêchée de dormir.

-Tu vas tenir toute la journée ? s'enquit mon ami alors que le professeur se pointe au bout du corridor.

Toujours silencieuse, j'acquiesce lentement avant de me mettre debout. Rien que ce geste me demande un effort surhumain. J'ai l'impression de ne pas avoir dormi depuis des siècles. Ma tête pèse lourd sur mes épaules

Un voile se dresse devant mes yeux quand j'essaie de marcher, et je dois me retenir au mur le temps que le mirage s'efface.

-Ivy ?

Les paupières closes, je tente de maîtriser mon souffle devenu haché. J'ai froid, et terriblement envie de dormir. Si je le pouvais, je m'allongerais immédiatement sur le sol.

-Ivy, eh tu m'entends ?

Nate me secoue comme un prunier, et malgré mon mal être, je suis incapable de lui dire d'arrêter. Ma gorge est trop sèche et ouvrir la bouche me demande trop d'effort.

-Il est hors de question que tu ailles en cours, l'entends-je dire. Viens.

Les autres doivent être entrés dans la salle, à présent. A vrai dire, je ne pourrais en être sûre, puisque à partir du moment où je retrouve pleinement mes esprits, je suis assise par terre, près de l'entrée du lycée. Nate est près de là, au téléphone avec quelqu'un. Il a l'air soucieux, et malgré mon esprit embrumé, je parviens à comprendre que c'est de ma faute.

S'il est inquiet, c'est de ma faute.

Le garçon châtain revient vers moi, les sourcils froncés. Il passe une main sur mon front, palpe mes joues, me pose quelques questions auxquelles je réponds par la négative.

-Bruce arrive. Il va nous emmener chez moi, avant d'aller à la fac.

-Quoi ? Non, sincèrement, Nate, ça ne sert à rien.

Mon ami me dévisage durant de longues secondes sans prononcer un mot, peu convaincu par mes paroles. A vrai dire, je ne parviens même pas à me convaincre moi-même.

-Tu as besoin de repos, objecte-t-il.

-Tu n'es pas obligé de louper les cours à cause de moi, répliqué-je.

-Avec tout ce qui se dit sur ma personne en ce moment, tu crois sincèrement que je suis ravi d'aller au lycée ?

Le ton moqueur de sa voix me déride quelque peu, et mes lèvres se fendent d'un sourire.

-Je vais bien, Nate, déclaré-je. Vraiment.

-Vas dire ça à Bruce, grommelle-t-il en ramassant son sac. Il m'a presque fait une crise quand je l'ai eu au téléphone.

Les coins de ma bouche retombent automatiquement. Bruce aussi va se poser des questions. Il s'inquiète déjà suffisamment pour moi, je n'ai pas envie qu'il m'interroge de nouveau. Les mots qu'il a dit, le soir où je suis allée chez lui après avoir planté ma mère devant la maison, me reviennent en mémoire, et je me mets à trembler.

HOMELESS (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant