Chapitre 12 : Il ne me l'a pas dit.

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POINT DE VUE DE MIA

J'ouvre le paquet en plastique sur mes genoux, en prenant garde de ne pas en mettre partout. L'odeur des pilons de poulet m'enivre et je me recule encore un peu plus confortablement dans le canapé du salon. Avant d'attaquer mon repas, je zappe pour tomber sur un film inintéressant mais qui me tiendra en haleine le temps que je mange.

Ça fait presque une semaine que la fête a eu lieu, et presque une semaine que je campe dans ma chambre. Mais aujourd'hui j'en ai eu assez, il est Vendredi midi et tous le monde est parti vaguer à ses occupations. Alors je suis sortie de ma tanière, pour finalement me vautrer sur la canapé avec de la nourriture.

J'en pioche un et le porte à mes lèvres, en soupirant de bien-être. Je n'ai avalé que de la soupe et des chips depuis Samedi dernier. Je ne suis pas en train de me plaindre, c'était mon choix. Mes parents ont bien essayé de savoir se que j'avais et Julien a fini par leur dire que tout était de sa faute et que nous nous étions disputé, sans ajouter de détails.

Pauvre Julien, en y réfléchissant à tête reposée, je ne lui en veux plus du tout. Enfin, je sais bien que ses mots ont dépassé sa pensée.

On sait tous que le problème n'est pas là.

Le problème a un prénom et rien que d'y penser, j'ai la nausée.

Maël.

Quatre petites lettres et un tréma qui m'ont complètement chamboulé.

Durant ces quelques minutes, tous les deux enfermés dans cette satanée cuisine mes émotions n'ont cessé de faire les montagnes russes. Tantôt déçue, tantôt excitée.

Je sens ma poitrine montée et descendre de plus en plus rapidement, en me souvenant de ses mains et surtout de ses mots.

« Non, toi tu as changé »

Et puis l'entendre dire que je lui plais. Avant qu'il n'ajoute qu'il ne fallait pas que je me fasse des illusions.

Les deux premières nuits, dès que mes yeux se fermaient, je le voyais. C'était aussi terrifiant qu'envoûtant.

J'en suis arrivée à la conclusion que je lui en veux. Je n'ai rien fait, et même si je veux bien accepter le fait qu'il avait un coup dans le nez il n'avait pas à être un goujat avec moi. Ce n'étaient pas mes mains, et ce n'étaient encore moins mes mots.

Les mots. On ne se rend jamais suffisamment compte que les mots peuvent avoir des effets terribles quand ils sortent de nos bouches, et en l'occurrence la sienne.

Je suis d'accord pour dire qu'en le revoyant le jour de mon retour, je l'ai trouvé intimidant et vraiment très beau. Et oui, avec du recul je veux bien avouer qu'il m'attirait. Pour ma défense, qui ne serai pas attiré par un garçon aussi beau ?

Mais cette petite idée était bien rangée dans un coin de ma tête attendant sûrement le bon moment pour m'éclater à la gueule.

Et pour éclater, on peut dire que ça a éclaté. Même si je me le refuse, je pense à lui presque constamment. D'un certain côté je le déteste, mais je ferai n'importe quoi pour le croiser, ne serait-ce que quelques secondes.

Il ne m'aurait pas fallu trois jours de plus dans ma chambre sans péter les plombs.

Je sursaute quand la porte d'entrée claque. Merde. L'idée de courir me cacher pointe le bout de son nez mais en étant réaliste, je n'aurai clairement pas le temps. Alors je tourne la tête, attendant que la ou les personnes apparaissent.

Tous mes muscles se crispent quand Julien fait son apparition.

Son visage laisse dans un premier temps place à la surprise, avant de se refermer, presque aussi vite. Si bien que je me demande si j'ai rêvé.

Comme je m'y attendais, il ne vient pas se confondre en excuse et préfère disparaître dans l'autre pièce. Julien a toujours été comme ça, je sais pertinemment qu'il a envie de venir me demander pardon, mais il a beaucoup trop de fierté.

Je n'ai pas vraiment le temps d'être déçu que je me rend compte qu'il n'est pas seul, et qu'il est suivi d'un jeune homme.

- Salut Mia !

Max entre dans la pièce avec son sourire si communicatif que je finis par le lui rendre. Il s'esclaffe à mes côtés et me pique un pilon sous mon mécontentement.

- T'es enfin sortie de ta tanière.

Il me fixe, jaugeant sûrement ma réaction.

- Oui, j'en avais marre de rester enfermer.

Il hausse les épaules en mordant sa cuissette de poulet.

- De toute façon, tu n'allais pas pouvoir l'éviter jusqu'à la fin de ta vie, c'est ton frère.

- Il t'a raconté ce qu'il m'a dit ? Je demande.

Il laisse échapper un long soupir en mettant ses deux pieds sur le rebord de la table basse.

- Ouais.

Ouais. C'est tout ? Bon, en même temps c'est son pote donc je veux bien comprendre qu'il veuille le défendre.

- Tu trouves ça normal ?

Il remue sa tête et le haut de son buste de gauche à droite comme si un dilemme se jouer en ce moment-même en lui.

- Franchement, non mais il faut le comprendre.

Je roule des yeux, pas vraiment d'accord avec lui.

- Si Mia, il a cru que sa petite sœur chérie était en train de.. enfin tu vois quoi, à l'étage.

Vu sous cet angle. De toute manière, même si Max ne le sait pas, je n'en veux déjà plus à Julien. J'ai des prises de tête un peu plus importante en ce moment.

- Entre toi et Maël, c'est pas simple pour Ju.

J'espère qu'il ne remarque pas mon tressaillement. Maël.

- Qu-quoi ?

Il ne semble remarquer ma soudaine anxiété et se contente de me répondre :

- Depuis la fête il a carrément disparu de la circulation, il répond plus aux messages. Même Vanessa n'a presque plus de nouvelles.

Je me déteste de penser que c'est de ma faute. Est-ce que lui aussi, il est dans le même dilemme que moi ? Je ne crois pas. Après ce qu'il m'a dit je me dis qu'il doit simplement s'en vouloir par rapport à Julien et sa copine qu'il aime. Ou bien ça n'a rien à voir.

- Il est peut-être malade, je tente.

Il laisse échapper un rire, mais très enjoué.

- Je l'ai croisé en début de semaine, il a tenté de m'esquiver avant finalement d'avouer qu'il avait besoin de prendre du recul.

- Pourquoi ?

- Il ne me l'a pas dit.

Je passe le paquet à Max, l'appétit coupé. Je ne sais pas comment l'expliquer mais je le sens. Tout est de ma faute, ou de la sienne. Mais moi je n'ai jamais voulu ça. Je..

Il faut que je le vois, il faut que je lui parle.

Même si c'est évident que c'est une mauvaise idée.


**

Coucou, désolée pour l'attente mais j'ai beaucoup de travail et je n'ai donc pas pu trop écrire ces derniers temps.

Je ne suis pas très fière de ce chapitre, tout simplement parce-que je me sens - bizarrement - plus à l'aise avec le point de vue de Maël. Donc, le prochain sera masculin et je vais essayer d'écrire un peu plus vite.

Je vous embrasse,

Queen112226


Mia&Maël : le meilleur ami de mon frère.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant