Épilogue

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Que la vie me recueille et m'emporte dans ses bras, c'était tout ce que je souhaitais à présent. Après que toutes les personnes qui m'avaient fait souffrir soient mortes, moi et ma louve avions mérité le bonheur actuel. Je m'étais entraînée pendant six longues années pour pouvoir recouvrir mes blessures et les cacher au plus profond de mon être. Le bonheur, c'était ce que j'avais voulu et maintenant que j'en étais recouverte, je voulais me laisser dériver dans un sommeil éternel.

Fatiguée de m'être battue, je m'étais allongée à même le sol, entourée de fleurs que j'avais laissées pousser dans cette petite clairière pour mon plus grand plaisir. Ces beautés de la nature qu'avait décorée notre village protégé sous la barrière ne reflétaient plus que bien-être et douceur.

Pas de larmes ni de remords. Juste un sentiment d'apaisement et de sérénité. J'avais l'impression qu'un énorme poids s'était progressivement soulevé de mes épaules et que même la douleur de mes blessures n'était rien comparé à cet immense soulagement.

La forêt était silencieuse. En apparence. Aucun bruit d'animaux ne se faisait entendre. Seule la caresse du vent sur les feuilles des arbres ajoutait du contraste au silence. Mon regard qui était rivé vers le ciel se ferma doucement. Plus de haine ni de colère à éprouver depuis près de six merveilleuses années.

Bien sûr, les attaques de loups solitaires avaient eu lieu, avec son lot de bataille et de sangs versés, mais ce n'était rien comparé aux enlèvements et tortures subies il y a des années de cela. Des années oui, mais cet événement était encore frais quand j'y repensais. Je cachai ces larmes de tristesse sous celles de la victoire de notre vengeance.

Et j'attendais tranquillement, j'attendais que la vie me recueille et m'emporte dans ses bras pour m'emmener auprès des miens.

Le paysage idyllique se brisa quand j'entendis des craquements de branches à ma droite. Mon corps se tendit un instant avant de se relâcher. Je respirai de plein poumon l'air environnant et roulai sur le côté à temps pour éviter le coup de poing qui m'était destiné. Je me relevai avec un sourire de triomphe en voyant mon assaillant. Mais il avait un grand sourire plaqué sur son visage, ce qui m'inquiétait.

Ce moment de doute me fit perdre ma concentration. Il fut trop tard quand son complice me sauta dessus par-derrière, faisant perdre mon équilibre. Avant de rencontrer les herbes vertes, j'amortis mon corps avec mes avant-bras.

« Ha ! Ha ! On t'a encore eu ! » cria fièrement mon agresseur.

Je roulai sur le dos tout en riant.

« Oh oui ! Vous m'avez bien eu cette fois-ci ! » m'exclamai-je en les prenant dans mes bras.

Ma petite fille était tellement sage et souriante que je me demandais d'où elle tenait ce caractère. Bien sûr, cela ne l'avait pas empêchée de m'envoyer un coup alors que j'étais à terre tranquillement en train d'apprécier la nature environnante.

Son frère, quant à lui, tenait vraiment son air renfrogné de moi. De ma personnalité avant qu'Adam ne m'aime et m'aide à m'ouvrir aux autres autres membres de sa meute dont je ne connaissais que le visage à ce moment-là et pas seulement aux anciens prisonniers comme Rachel ou Tim.

« Où est Papa ? demandai-je alors que je me mis en tailleur.

– Il a dit qu'il était avec tonton Alex, » m'informa Jeannie de sa voix fluette.

Ses cheveux noirs devenus trop longs lui barraient presque la vision. Je pris une pince qui retenait une mèche de mes cheveux et plaquai la frange longue en une mèche sur le côté.

« Ah oui ? Et ils mijotent quoi tous les deux ? »

Les deux enfants levèrent les épaules pour exprimer leurs ignorances. Depuis qu'ils étaient nés, Adam et Alex n'arrêtaient pas de se chamailler pour s'occuper d'eux deux. Anna étant devenue une très belle adolescente dont il n'était plus nécessaire de chouchouter, Alex avait été manifestement heureux quand je lui avais appris que j'étais enceinte. Il avait absolument voulu être là pendant mon accouchement. Mais sa femme l'avait réprimandé et avait même fait semblant d'être jalouse de moi pour lui faire regretter. Dans un sens, je pense qu'elle était envieuse, car Alex ne pouvait plus donner d'enfants à cause des tortures subies. Et peut-être que l'avoir ramené à la vie était une autre des causes pour ne plus pouvoir avoir d'enfants.

La Promesse - HestiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant