Chapitre 4 - Barrière

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Etant donné que nous étions presque arrivés à leur territoire, Adam avait intimé tout le monde de reprendre forme humaine. Des sacs se trouvaient sur les branches hautes des arbres. Adam me passa des vêtements d'hommes, ses vêtements au vu de l'odeur, puis nous reprîmes la marche.

Beta Luke essayait tant bien que mal de faire la conversation. Cela aurait pu être intéressant si cet échange de paroles entre deux personnes était avec un membre de sa propre meute. Mais ses paroles m'étaient destinées. Sauf que, je ne réagissais pas à ces remarques, je restai muette comme une tombe.

Pourtant, à chaque fois qu'il baissait la tête et soupirait en signe de désespoir, je voulus lui avouer que je l'écoutais. Chose que je n'aurais, je pense, jamais faite il y a un an, avant d'entrer dans la meute de Brooks. Une vague de nostalgie m'envahit à ces pensées.

Le petit Nathan devait encore pleurer après mon départ. Enfin, je l'espérai. Cela faisait à peine quelques heures que je les avais quittés, mais j'espérai les manquer comme ils me manquaient. Les paroles de Luke me sortirent de mes souvenirs.

« Nous allons vers la maison d'Adam. Vous y habiterez ensemble. Vous ne serez que tous les deux... enfin, en plus de quelques gardes qui resteront aux alentours de la maison, » expliqua distraitement Luke comme si ce n'était pas bien grave.

J'allais devoir vivre avec un homme dont je ne savais rien. Un étranger. Je poussais un soupir avant de m'adresser à Luke.

« Combien ? » demandai-je à la surprise générale.

C'était la première fois que je parlais depuis le départ de Jake et des autres. Tout le monde s'était arrêté de marcher et s'était retourné vers moi.

« Qu-quoi ? bredouilla Luke, surpris comme s'il venait d'entendre un mort prendre la parole.

– De gardes. Combien y aura-t-il de gardes ? répétai-je tout en recommençant à marcher. Très vite, j'entendis d'autres pas rejoindre les miens.

– Euh...Six, » répondit-il. C'était maintenant à moi d'être surprise. Mes jambes, fixées au sol, n'osèrent plus bouger à cause de choc.

Six, c'était beaucoup trop. Je ne pouvais pas me promener dans la maison d'Adam sachant, de un, qu'il sera là vu que c'était chez lui et, de deux, qu'il y aurait des hommes qui allait m'épier.

«Pas épier, te surveiller pour mieux te protéger, me rétorqua sagement Lulu.

– Lulu, tu sais très bien qu'en ce moment, ce n'est que grâce à tes encouragements que j'arrive à me tenir debout entourée d'hommes, qui soit dit en passant font deux fois ma taille et mon poids, si ce n'est plus ! m'exclamai-je désespérée. Tu sais ce que je ressens, non ? Pour l'instant, j'arrive à garder ma peur sous contrôle, mais plus tard, je ne pense pas que je réussirai aussi bien à garder mes sentiments au fond de moi...Ils sentiront ma peur et essaieront de me rabaisser ou pire...

– Ils ne te feront rien ! » gronda ma louve.

Je voulus lui envoyer une réplique cinglante. Mais je fus interrompue par une chaleur sur ma joue droite. Une grande main rugueuse. Je levai la tête et me retrouvai prisonnière de deux magnifiques yeux gris qui brillèrent d'une lueur inquiète. De ma main gauche, je lui attrapai le poignet pour éloigner sa main de mon visage et demandai en colère et confuse : « Qu'est-ce que tu fais ?! »

À part l'incident quelque temps auparavant, il ne m'avait pas touchée et restait même à une distance raisonnable de mon corps. Son attitude pourrait penser qu'il ne voulait pas de moi, ce qui m'aurait bien arrangé. Mais ces divers avertissements, qui se définissaient par des grognements bas et menaçants, prouvaient bien le contraire. On dirait même qu'il était, en quelque sorte, prudent avec moi.

La Promesse - HestiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant