Chapitre Soixante-trois

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Et puis, 100 000, qu'est-ce que ça représente pour lui ? J'ai comprit qu'il devait des dettes à Bobby, mais ces conneries se sont dissipées depuis. Les affaires reprennent et vont mieux pour lui, on en discutait encore il y quelques semaines. Eugene va mieux. Et son compte en banque aussi.

- Ecoute-moi, je passe chez toi, je m'ennuie comme un fou ici, il faut que je me casse. 

Calvin vient encore de changer de partenaire. Il danse maintenant avec une femme typée qui ressemble à une mannequin qui pourrait dormir dans l'un des hôtels douillets de mon père. Elle fait la même taille que lui. Eugene me ramène sur terre

- Je suis seul là, donc ouais, viens t'incruster !

- Attends-moi, il faut que je fasse un truc avant.

- On fera une pyjama party, Hunter baby.

Je raccroche. Même si je me suis dit que j'allais laisser sa soirée à Calvin, cette soirée est un enfer pour moi. Je suis dans le décor. J'ai décidé d'ignorer les regards aguicheurs lancés par la dizaine de femmes célibataires que j'ai pu croiser depuis quelques heures. Je ne veux pas d'elles.

Je rejoins la piste de danse, forcé de slalomer entre les silhouettes qui ondulent autour de moi. J'ai soudain chaud alors c'est instinctivement que je desserre ma chemise. 

Mais dans la foule, je perds Calvin du regard. Une fille se  frotte tout à coup à moi sans que je ne l'y autorise Je m'écarte le plus poliment possible, pas la peine de créer un scandale. Qu'est-ce que je fiche encore ici ?

La musique vire au silence, laissant les dernières conversations finir en chuchotements lointains. Ava se penche contre un micro ancien sur une estrade déjà bien pleine de ballons et d'un piano vernis. Je ne crois pas qu'il ait été utilisé, mais à vrai dire, aucune slow n'a encore été lancé, donc ce doit être prévu.

- Nous avions prévu de passer la deuxième partie de soirée dehors mais comme vous le savez, on vit en Angleterre, de la pluie est prévue pour ce soir, alors continuons d'enflammer la piste tant que vos jambes tiennent encore ! DJ monte le son ! 

En souhait aux dires d'Ava, le DJ remet le son, et une musique rythmée aux tons orientales rempli la salle. La foule d'invités se met soudain à scander le noms des nouveaux mariés sauf que moi, je n'en peux plus. Je me rue vers l'une des portes de sortie de secours. Ces gens m'oppressent, et m'empêchent d'être complètement à mon aise. 

Dans mon souvenir, il y a derrière la salle, un petit plan d'eau desséché. Je n'ai aucune idée de comment un plan peu se dessécher dans le pays dans lequel on vit. Bon, on dirait que c'est possible. Hormis le fait qu'il n'y a pas grand chose à part cette marre d'eau géante, et ce vieux carrousel où les enfants devaient sûrement passer de grands moments il y a de cela longtemps, j'apprécie énormément le vent frais de minuit passé. Il emplit mes poumons et les purifie, en quelque sorte. En tout cas, je prends un plaisir fou à inhaler.

La seule lumière qui m'éclaire sont les deux réverbères remplit de crasses qui traînent près de bancs fixés face au carrousel. Je pars m'asseoir quelques instant avant de trouver Calvin et d'envoyer un message à Eugene pour lui dire que j'aurai du retard. Mais vu sa renommée niveau ponctualité, j'ai une grande marge avant de réussir à le rattraper. 

Ils éclairent le vieux carrousel qui devaient être d'un rouge flamboyant à une époque. Des cheveux principalement et toutes autres sortes d'animaux ou de transports d'antan sont accrochés par de longs bâtons à son sommet circulaire. Comme dans un carrousel classique en fait. Ca me désole de voir cet instrument de joie laissé complètement à l'abandon. 

Je réalise que je parle apparemment trop vite quand je me rends compte que quelqu'un est assis, ou plutôt allongé à l'envers, de façon à ce que sa nuque rencontre la crinière du cheval et ses jambes se balancent dans le sens inverse de ce qui est normalement souhaité. Mais je ne suis pas sûr que ses jambes se balancent étant donné que cette fille (elle porte une robe assez longue et qui m'a l'air bleue, descendant en A jusqu'à ses chevilles), regarde la lune. Je ne perçois que ses cheveux de jais se fondre avec la noirceur de la nuit.

HunterWhere stories live. Discover now