Chapitre 3:

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Le jour est tombé, les lampadaires commencent à s'éclairer, la lune fait une brève apparition avant de rapidement disparaître dérrière un nuage noir d'encre. Je marche dans les rues sombres, évitant les rares patrouilles de police et dissimulant mon visage meurtri dérrière le col du sweat-shirt que j'ai enfilé sous ma veste en cuir. Je marche à grands pas, essayant de réchauffer mes pauvres muscles endorlis, j'ai eu mal toute la journée et ce sera sûrement pire quand je me coucherai à l'aube. Le poids de mon flingue pressé contre ma hanche me brûle la peau. Pourtant le métal est glacé, mais c'est cette impression de mort que je ne connais que trop bien qui diffuse cette désagréable chaleur dans mon corps. Je vais ôter la vie encore une fois. Je vais regarder crever la personne à mes pieds. Pour quelques billets verts je vais décider du sort d'un être humain, je vais prendre son dernier souffle en échange d'argent, de l'argent sale. Les personnes que je supprime sont souvent de véritable crapules, mais ça n'enlève en rien le fait que ce sont des hommes, comme vous et moi, et que seul Dieu devrai pouvoir décider de leur fin. Je n'ai rien contre eux, la plupart du temps je ne les connais même pas, mais ce n'est pas mon problème, la raison pour laquelle quelqu'un veut que je les achève ne me regarde pas, et j'en ai rien à foutre. Car j'ai besoin de bouffer, de survivre. Et je suis prêt à tout pour cela. Je m'accroche à la vie comme un fou, alors qu'elle ne m'a rien donné et qu'elle ne me promet pas plus. Mais l'instinct de survie est très développé chez moi, plus que chez d'autres.
J'arrive devant une grande bâtisse délabré, aux vitres brisées et aux murs tagués, un squat. Je prend une bonne inspiration d'air mouillé avant de pénétrer dans cette endroit qui send l'herbe, la pisse et le moisi à plein nez. Je ne m'attarde pas au ré-de chaussé, les gens ne sont pas fous, quand on est squatteurs on ne reste pas dans les étages du bas, sinon c'est la mort assurée. Je monte donc la volé d'escaliers branlants, faisant bien attention où je pose les pieds, pour éviter de glisser sur une canette de bière vide, des gravas, où même un rat, il ne faut surtout pas qu'on m'entende. La surprise est la meilleure des attaques. Je me plaque contre un mur au moment où j'entends des murmures étouffés à moins de cinq mètres de moi. Je suis en haut de l'escalier, contre le béton glacé, écoutant de toutes mes oreilles. Mais je ne décèle rien. Leur conversation est indéchiffrable, je suis quand même en mesure de juger qu'il y a deux personnes. Et bien tant pis, il y aura deux morts ce soir, au lieu d'un seul. J'approche à pas de loup de la porte close en face de moi d'où proviennent les bruits indiquant d'autre présence humaine que la mienne. Je sors mon Holster 7377 7TS, le tiens à la main, le cran de sûreté levé. Quand je suis à moins de cinquante centimètres de la poignée, je balance soudainement mon pied sur le bois pourrit. La porte vole en éclats. Je ne laisse pas de temps aux deux hommes barbus et vieux assis sur de miteuses caisses en bois de réagir, je lâche aussitôt un jet de balles sur eux. La cervelle de l'homme de droite vole en éclats, propulsant sur moi des gerbes de sang et une sorte de bouillie de chair. Le second saute par une fenêtre. Et merde! Je jette un rapide coup d'œil à la face dégueulasse du mec qui baigne dans son propre sang à mes pieds, mais il est impossible de reconnaître le visage de la photo que m'a montré Tomlinson, je ne sais donc pas lequel des deux hommes j'étais censé tuer. Putain! Je regarde par la fenêtre où du moins ce qu'il en reste vu que le type a sauté à travers la vitre. Il est toujours en bas, recroquevillé sur lui même, au sol. En même temps il vient de sauter de deux étages. Mais je le vois bouger, il semble vouloir se relever. Je sors de la pièce en courant, et dévalle quatre à quatre les escaliers. Il est couché devant moi, comme une merde, tremblant, saignant, et essayant de se relever. Je soupire, exaspéré:
-"Te fais pas d'illusions, je vais te buter." Il serre les dents, sa mâchoire se contracte sous le coup de son impuissance. Au moment où je vais lui planter le canon de mon arme sur la tempe, il se saisit violament de ma jambe et me projette au sol. J'ai le souffle coupé par le choc, ma tête est affreusement douloureuses. L'homme profite de ces quelques secondes d'inattention de ma part pour me sauter à la gorge. Il est à califourchon sur moi, ses doights pressés autour de mon cou. Son sang coule sur moi, se mélangeant à la boue du sol et à la pluie qui a recommencé à tomber. Je suffoque, essai de reprendre ma respiration, mais sans grand succès succès, il serre bien le connard. C'est de ma faute, il ne faut jamais sous estimez un homme bléssé. Plus on est proche de la mort, plus on est prêt à tout pour l'éviter. Il tente de se saisir de mon Holster, et là, une décharge électrique me sort de ma torpeur. Mon mal de crâne et mon manque d'air me paraîsse soudain dérisoire. Je réussis à lui balancer un violent coup de coude dans la mâchoire, le faisant légèrement lâcher prise sur mon cou, me permettant d'avaler une bouffée d'oxygène. Et sans plus attendre je lui tire une balle dans la poitrine. Je pousse un cri de douleur, la balle à éraflée mon bras. Le type pars en arrière et tombe lourdement sur le sol. Mort. Son sang m'éclabousse. Je me relève péniblement, ma tête me tourne, j'ai envie de dégueuler, je me sens vraiment pas bien. Je range mon révolver dans ma poche et pars en titubant vers mon appartement, le sang et la chair de ceux que je viens de tuer dégoulinant sur mon corps.

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