Chapitre 20

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Je regarde Korty avec de grands yeux ébahis, ne comprenant pas ce qu'il raconte pendant un instant. Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

– Quoi ? Me sortir... d'ici ? Je répète, abasourdie par ce qu'il vient de m'annoncer.

Il jette un regard autour de lui et se met à me chuchoter à travers les trous de la vitre qui nous sépare. J'arrive à peine à capter son message tant le son de sa voix est bas.

– Passe une de tes mains à travers les interstices et fais semblant de m'étrangler.

– Hein ? Pas question ! Je lui réponds du tac au tac, imaginant déjà la scène ridicule en train de dégénérer avec les autres effacés présents dans la salle.

Il lève les yeux au ciel d'un air exaspérée et plante son regard dans le mien, ses yeux sont concentrés, sérieux. Je n'ai jamais vu un regard si grave sur le visage de ce pitre.

– Fais ce que je te dis si tu veux sortir d'ici avant qu'il ne soit trop tard ! Chuchote-t-il d'une voix ferme.

Je baisse les yeux un instant, doutant de la voie à suivre. Si je fais ce qu'il me dit, ne risque-t-il pas d'être impliqué dans mes problèmes ? Qu'en est-il d'Ana ? Est-ce qu'elle va bien au moins ? Je n'ai pas vraiment le temps de réfléchir car ça paraîtrait suspect aux autres gardiens, mais l'idée d'être exécutée me revient en tête. Une vague d'adrénaline fait alors cesser mon flot de pensées incessantes, et je prends ma décision. Si je veux vivre, je dois quitter cette cellule. Je ne sais peut-être pas où aller en sortant, on risque peut-être de me rattraper ou de me tirer dessus pour m'arrêter, mais je ne veux pas mourir sans avoir rien tenté. Cette chance que mon ami est en train de m'offrir, je la saisis.

Je suis désolée, Korty, mais j'accepte ta proposition.

Je ferme les yeux et inspire profondément. L'impression que mes bras ont perdu tous leurs muscles à cause de l'effet du stress m'envahis, et je crispe mes mains, me préparant à utiliser toute l'énergie qu'il me reste pour m'en sortir. Serrant la mâchoire, je décompte jusqu'à trois dans ma tête.

Un.

Je souffle l'air que j'ai inspiré et m'approche doucement de la porte en verre pendant que mon complice fait mine de déposer mon assiette par la fente en bas de la vitre.

Deux.

Le garçon se relève et me jette un regard anxieux, ne sachant que faire à cause de mon absence de réponse.

Trois.

Sans prévenir, je passe ma main à travers le trou pour attraper violemment Korty par le cou et lui plaquer la tête contre la vitre. Je sens sa pomme d'Adam glisser sous mes doigts et un cri étouffé sortir de sa gorge. La désagréable sensation de lui faire du mal provoque un frisson de dégoût dans mon corps, et je déglutis difficilement, me forçant à garder mes mains fermes sur ma prise. Une sueur froide glisse le long de ma nuque et j'empêche de justesse mes genoux de trembler.

Surpris que je ne l'aie pas prévenu, le brun essaie de desserrer ma poigne par réflexe. Tant mieux, ça fait plus réel. Tous les regards convergent vers nous en une fraction de seconde, interloqués par le vacarme soudain. En voyant la scène, les deux autres effacés saisissent leurs sortes de lance électrique et font quelques pas hésitants en ma direction. La peur me fait alors perdre mes moyens, et je prends la nuque de mon otage bien en évidence, comme si je pouvais la lui briser à tout moment. Un des gardes tente soudainement de s'approcher mais je le repère et lui lance un regard d'avertissement, ne jouant plus du tout le jeu de la kidnappeuse, mais comprenant que pour m'en sortir, ce ne sera pas suffisant. En plus des deux gardiens de la prison, les deux gardes derrière la porte sont entrés.

Nucléaires 1 : EffacéeWhere stories live. Discover now