Chapitre 8

2.6K 294 31
                                    

De la sueur dégouline le long de mon front à chaque coup donné, j'ai vraiment l'impression que le sac d'entraînement que je suis en train de frapper se moque de moi.

Après notre arrivée à la base, le camion s'est arrêté devant le bâtiment. On nous a ensuite tous fait entrer et patienter sur des bancs, à côté ce qui semblait être l'accueil de la base. Un autre petit groupe de recrues est arrivé d'un autre quartier pour se joindre à nous. Puis un homme doté d'une barbe pointue est arrivé, et nous a expliqué avec sérieux le fonctionnement de la base et ce qu'il nous faudrait faire durant les prochains jours, ainsi que la façon de nous comporter qu'il faudrait adopter –qu'on pourrait résumer en deux mots : discipline et rigueur. Rien qu'en écoutant notre supérieur parler, je pense qu'on s'est tous déjà fait une idée sur ce qui nous attend.

Puis nous avons passé le test médical, qui se limitait à une révision des fiches de santé afin de voir si nous étions atteints d'une quelconque maladie, et enfin nous nous sommes rendus tous ensembles dans la salle d'entraînement.

Trois heures ! Trois heures qu'ils testent notre résistance pour savoir si on a réellement le potentiel pour devenir effacés. Ils ont commencé par nous faire courir à l'extérieur de la base pendant une bonne heure et demie, observant notre endurance et nos capacités physiques et respiratoires. A présent, ça fait déjà une heure que je martèle ce sac de coups de poings et que mes phalanges s'abîment après chaque choc. Ce n'est pas que frapper est nouveau, mais d'habitude, c'est moins long.

Mes mains me font souffrir, j'ai l'impression qu'elles brûlent vives.

– Du nerf ! Hurle le commandant Singer derrière nous, faisant remuer sa barbe à chaque syllabe.

L'apparence singulière du commandant en faisait rire certains au début. Je suis certaine qu'ils ne recommenceront pas, vu la punition qu'ils ont reçu dès leur arrivée.

Je donne un coup plus puissant que les autres qui fait un peu reculer le sac avant de reprendre mes frappes sans aucune énergie.
Mes bras sont en train de lâcher prise avec la réalité, apparemment.

– Frappez plus fort ! Vous caressez les sacs ou quoi ? Si vous traitez un adversaire comme ça, ça ne lui fera pas plus d'effet qu'une pichenette ! Crie-t-il, faisant résonner sa voix dans la salle.

Ses cris commencent à me donner la migraine.

J'espère qu'il n'aura plus de voix ce soir, ce serait bien fait pour lui !

Je sens mes bras trembler de plus en plus sous l'effort ; ça ne cessera donc jamais ?

– Stop. Dit soudain le commandant d'une voix plus douce en écho à mes pensées. On s'arrête là pour aujourd'hui.

Tout le monde s'arrête et pousse soupir de soulagement, certains s'écroulent par terre, d'autres s'assoient. Personnellement je préfère m'asseoir sans trop d'empressement, le commandant ne m'inspire pas beaucoup confiance. Il serait encore capable de punir les « paresseux ». Personne n'a envie de finir comme les autres, à faire les corvées en plus de leur travail pour deux semaines. Ça n'a pas l'air terrible comme ça, mais je suis sure qu'il cache son jeu et que c'est bien pire que ça en a l'air.

– Vous allez pouvoir vous doucher et dormir maintenant. D'autres épreuves vous attendront demain.

Je me relève avec difficulté et suis lentement les deux effacés qui nous emmènent aux douches, me demandant un instant si effectuer ce travail de guide pour les recrues fait partie des corvées. Il faut dire que les deux soldats n'ont pas l'air au comble du bonheur. Nous montons des escaliers, puis nous arrivons à un croisement où nous nous séparons. Les garçons partent d'un côté, les filles de l'autre. En fait, nous ne sommes que trois sur les quatorze recrues : une fille aux cheveux châtains coupés en un carré court et au visage fin, Nor, et une autre à la tignasse brun roux emmêlée assez imposante, Ana. La rousse fait partie de la bande des punis, je la plains. Elle a l'air d'avoir beaucoup de caractère. Peut-être trop.

Nucléaires 1 : EffacéeWhere stories live. Discover now