Chapitre 19

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Je regarde la femme au visage familier, ne sachant pas comment réagir. En fait, je me sens tellement honteuse que j'ai envie de me cacher n'importe où.

Elle ne pouvait pas s'occuper de ce travail un autre jour ? Pourquoi maintenant ? Allez, va-t'en. Tu as sûrement autre chose à faire.

Je la fixe donc un moment, puis rebaisse la tête dans la même position qu'avant, décidant de jouer à celle qui n'a rien vu.

– Mily ? M'appelle la voix de Luri.

Je sens dans sa voix qu'elle est surprise par mon aspect, et sûrement par le fait de me trouver ici. Je saigne du nez et je dois être dans un état lamentable, mais vu que je n'ai pas de miroir je ne peux que le déduire.

J'entends soudain la porte s'ouvrir et je relève la tête pour voir pourquoi, un peu étonnée, n'appréciant pas qu'on m'envahisse soudain de cette façon. Luri entre et s'arrête à côté de moi. Je peux voir ses yeux briller plus que la normale et sa respiration se faire irrégulière.

Elle est inquiète.

– Pourquoi ils t'ont fait ça ? Demande-t-elle d'une voix tremblante.

Je ne réponds pas et repose ma tête sur mes genoux quand les mains de Luri se posent sur mes épaules. Je ne veux pas qu'elle me voie, je n'aime pas quand quelqu'un essaie de me forcer à parler. Et je ne veux pas lui expliquer, me plaindre comme une enfant qui s'est fait embêter. Elle me relève doucement pour me mettre face à elle sans prêter attention à la façon dont j'évite ses yeux. Luri me reparle d'une voix plus insistante.

– On se demandait tous où ils t'avaient emmenée.

Je sens une rage monter en moi sans savoir vraiment pourquoi. Peut-être parce que personne ne peut comprendre, et que je dois être la seule qui va être exécutée dans les jours qui viennent, comme me l'a si bien dit le gardien il y a quelques heures.

– Va-t'en. Dis-je d'une voix faible.

Je lis la peine dans ses yeux. Elle sait sûrement ce que je suis, les gardiens doivent savoir qui sont les prisonniers. Alors pourquoi est-ce qu'elle continue de me parler ?

– Je comprends ta réaction. Chuchote-t-elle.

Ses paroles me mettent dans une colère noire. Comment peut-elle dire ça dans un moment pareil ?

– Tu « comprend » ? Qu'est-ce que tu comprends au juste ? La raison pour laquelle les gardiens ont le droit de frapper les prisonniers ? La raison pour laquelle je suis là ? Peut-être que tu comprends mieux mieux que moi, c'est vrai ! Je crie en me décollant du mur et en repoussant violemment son bras.

– Non, je... Essaie-t-elle de bredouiller avant d'être coupée.

– Alors si tu voulais bien m'expliquer, tu serais très utile, parce que moi-même je ne comprends pas !

Personne ne comprend une "extérieure" ! J'ajoute en moi-même, serrant la mâchoire pour m'empêcher de continuer à hurler comme une demeurée sur la pauvre femme en face de moi.

Je me rends compte que je parle beaucoup trop fort et que les autres prisonniers se sont à présent amassés sur les vitres pour voir qui fait tout ce raffut.

Luri recule et son regard se fait distant. Je sens mon estomac se nouer en lisant dans son regard qu'elle ne sait plus quoi me dire.

Elle ne sait pas plus de choses que moi. Ça ne sert à rien de m'énerver contre elle.

La jeune femme recule jusqu'à la porte et se glisse doucement derrière.

– Pardon. Je te laisse tranquille. Me dit-elle en sortant de ma cellule et en refermant la porte derrière elle.

Nucléaires 1 : EffacéeWhere stories live. Discover now