Chapitre 9

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Je suis tellement concentrée que j'entends la respiration des autres recrues dans la salle. Lorsque j'appuie sur la détente, une détonation résonne autour de moi et me fait faire une grimace. Heureusement que je porte un casque isolant. En regardant la cible, je vois que je me suis un peu rapprochée par rapport au dernier coup que j'ai tiré. Je grommelle et vise la cible à nouveau, me concentrant, quand soudain quelqu'un me tape dans le dos en ricanant d'un air moqueur. Je tire au même moment et loupe de loin ma cible, créant par la même occasion une autre marque sur le mur fait pour empêcher les balles de ricocher en notre direction. Je me tourne vers celui qui m'a gênée pour lui râler dessus, mais en voyant son sourire amical je me détends aussitôt.

– Toujours aussi nulle au tir.

– Je te signale que c'est à cause de toi que j'ai loupé la cible, Korty.

Il me prend la main pour m'aider à me relever, et je fais mine d'être boudeuse sans être vraiment vexée. Il rit un instant puis me donne une tape derrière l'épaule pour se moquer gentiment.

– Tu l'aurais loupé de toute façon. Plaisante-t-il. Alors, ça va ?

– Oui, je me suis un peu habituée au rythme.

Ça ne change rien au fait que je suis crevée le soir, mais on peut dire que c'est déjà mieux qu'au début.

Ça fait plus de six mois que l'on s'entraîne tous les jours en plus de suivre une formation. Le matin, nous avons toujours droit à la même sonnerie insupportable, nous nous entraînons au combat et au tir toute la matinée, et après avoir mangé le repas du midi, nous avons des cours sur l'extérieur. J'ai appris par exemple que notre coupole transparente peut être désactivée et réactivée si un jour l'atmosphère revenait à la normale, et qu'il y avait des millions de sortes de plantes et d'animaux étranges dehors, dangereux pour la plupart. Et puis bien sûr, qu'il faut éliminer les extérieurs dangereux, car ils représenteraient une menace pour notre survie s'ils arrivaient à pénétrer notre coupole, et même pour notre développement futur si un jour nous pouvions retourner vivre à l'extérieur. On nous a montré une machine qui les détecte grâce aux ondes particulièrement radioactives qu'ils dégagent, ils la nomment l'irospice. Mais on n'utilisera ce genre de choses que "quand nous seront prêts", comme le disent nos mentors. Et ce ne sera pas de sitôt apparemment. Deux soirs par semaine, au lieu du repas, nous devons faire de la musculation et renforcer notre corps le plus possible –enfin je pense que c'est surtout pour faire des économies. Et pour finir, tout le monde est assigné à tour de rôle à une tâche ménagère ou à un autre travail qu'il doit effectuer chaque soir afin de contribuer à la vie de la base.

Je laisse Korty pour essayer encore une fois de mettre une balle dans la cible. Je me concentre et calme ma respiration.

Tu peux y arriver !

Le coup part et je regarde immédiatement ce que ça a donné, et je pousse un cri de surprise et de joie en voyant que la balle s'est logée à quelques centimètres seulement du centre. Korty me regarde et pousse un sifflement admiratif.

– Alors ? Je ne l'ai pas mise, là ? Fanfaronné-je en me relevant et en faisant un geste victorieux.

Il fait semblant de chercher quelque chose à redire puis me répond en plaisantant.

– Elle n'est encore pas dans le centre...

Puis il imite la voix du commandant Singer.

– Au travail, petite feignante ! Tu as encore du progrès à faire !

Je ris puis recommence, et la balle vient se planter pas très loin de la première.

– Hé ben voilà, dis-je avec fierté, ce n'est pas si compliqué que ça !

Nucléaires 1 : EffacéeWhere stories live. Discover now