Djinns

Chapitre 23 - L'échappatoire

« Toujours pas de nouvelles de Kalahares? »

Shad sursauta. Il se retourna et vit Sytris, le Sylphe, qui l'interrogeait d'un regard inquiet. Le jeune homme secoua la tête négativement. Lorsque le Djinn s'éloigna de lui, il pesta.

Elle aurait pu me dire qu'elle avait un ami qui s'était entiché d'elle!

Il se rendait bien compte que sa jalousie n'avait pas lieu d'être. Pourtant, Shad ne supportait pas le Djinn. Pour se changer les idées, il observa pour la énième fois les décorations de la salle de réception, impressionné par la richesse des ornements qui couraient au plafond.

Cette situation va finir par s'empirer si elle ne revient pas très vite...

Plus tôt dans l'après-midi, Thym était revenue au palais, et leur avait fait comprendre tant bien que mal qu'elles avaient trouvés un passage, dans lequel Kalahares s'était rendue. Les nobles, le roi Ismeth, ainsi que Sytris et lui-même étaient donc condamnés à attendre le retour de la Sylphe pour élaborer un plan.

À présent que le soleil était en train de se coucher, la tension avait encore monté d'un cran. Le buffet qui avait été dressé pour patienter ne calmait plus les esprits, et Shad ne comptait plus les accrochages qui avaient éclatés entre les différentes personnes présentes dans la salle.

Seul Sytris restait dans son coin, près de la porte. Shad ignorait s'il surveillait la foule toujours amassée près des grilles ou les déplacements des deux Djinns derrière le dôme. Rien que de repenser au douloureux souvenir de la création de cette barrière magique, Shad frissonna.

C'est alors que les portes du palais s'ouvrirent en grand. Glys et Thym apparurent, suivies par Kalahares. Cette dernière, visiblement éprouvée, déclara:

« Excusez-moi du retard! J'ai mis du temps, mais j'ai trouvé un chemin dans les souterrains menant à une issue en dehors de la ville! »

Un regain d'espoir se lut alors sur tous les visages. Shad s'approcha de la Sylphe. Elle était couverte de sable et de poussière, et des traces de sang luisant encore parsemaient sa tenue de cuir noir. Une profonde plaie barrait un de ses avant-bras.

Kalahares dut voir l'air inquiet du jeune voleur, car elle lui dit:

« Je suis tombée sur une douzaine de Brigands dans les souterrains, certainement des retardataires. J'ai pu souffler leurs torches, ils se sont retrouvés dans le noir. Je les ais mis hors d'état de nuire. Ce n'est rien, ajouta-t-elle à l'intention du petit groupe qui s'était formé autour d'elle, la blessure ne saigne plus. »

Le roi Ismeth apparu devant l'assistance, et, jetant un regard au ciel qui était à présent d'un noir d'encre, questionna la Djinn:

« Alors, il y a bel et bien un moyen de sortir de la ville?

- Oui, fit la Sylphe d'un air grave, mais pas pour tout le monde. Ces souterrains étaient d'anciens égouts, qui mènent vers le Nord, jusqu'à la Rivière Ocre. Si on voulait faire sortir tous les habitants par là, Témès et Kasga s'en rendraient compte. Il va falloir procéder autrement. »

Shad réfléchit aux propos de la Sylphe. Ces souterrains étaient l'échappatoire idéal... En espérant qu'ils ne tombent sur aucun Brigand.

L'un des hommes présent, un grand gaillard à la peau abîmée et muni d'une cape au cuir usé, s'avança, la main posée sur une longue dague.

Certainement un des chefs de l'armée de Mantiague.

« Ce vil Témès avait souhaité voir sa Majesté devant la porte du Couchant pour le crépuscule, et ce dernier est passé. Nous devons agir vite. Je propose que les nobles de cette ville restent au palais avec leurs Djinns mineurs et le Sylphe Sytris afin d'élaborer un plan pour sauver les habitants. Quant à vous deux, fit-il en se tournant vers Kalahares et le voleur, vous accompagnerez le roi et un détachement de soldats pour vous rendre dans les souterrains.