La carte de visite de Kang était restée posée sur la table de nuit de Dian pendant deux jours, un minuscule rectangle blanc chargé d'années de secrets.
Elle l'avait regardée, tournée, prise et reposée cent fois, Minho et Jiwon étant trop absorbés par la perspective du retour d'Haneul pour remarquer sa détresse.
Le soutien de Jennie avait cependant été décisif. Armée de courage, Dian s'installa dans la cuisine, seule, et composa le numéro.
À l'autre bout du fil, la sonnerie ne traîna pas.
« Allô ? C’est Kang à l’appareil, » dit une voix professionnelle mais chaleureuse.
Dian sentit son cœur se tordre. « Kang… C’est Dian. Nous nous sommes croisés au supermarché l'autre jour. »
Un silence. Puis, un rire joyeux : « Je n'y croyais pas, tu sais ? Je me disais que j'avais rêvé ! C'est vraiment toi. Ça fait tellement longtemps. Comment vas-tu ? »
Sa joie était sincère, simple. C'était l'homme qu'elle avait connu, avant que la peur et l'ancien mari ne la rongent.
« Je vais… bien, » mentit-elle. « Écoute, Kang, la vérité est que je ne t'ai pas appelé pour de simples nouvelles. Il y a quelque chose de très important que je dois te dire. Quelque chose que j'aurais dû te dire il y a des années. »
Le ton de Dian, soudain grave, fit taire la légèreté de Kang. « Oh. Ça a l'air sérieux. Tu m'inquiètes, Dian. »
« Oui. C’est à propos de notre séparation… et de ce qui s'est passé après. Je ne peux pas t'expliquer tout ça au téléphone. La conversation est… longue. Et très délicate. »
Kang réfléchit un instant. Il avait espéré retrouver Dian, peut-être raviver une flamme éteinte, mais ce ton laissait présager des révélations complexes.
« D'accord. Je respecte ça. Quand et où souhaites-tu qu'on se voie ? Dis-moi simplement l'endroit, je m'arrange. »
Dian hésita. Elle avait besoin d'un lieu sûr, loin de la maison Kim, loin de la menace potentielle de Lee Heechul et loin de ses propres démons.
« Un café près du parc central, mercredi prochain, en milieu d'après-midi. Est-ce que ça te va ? »
« Mercredi, ça me va parfaitement. J'ai hâte, » dit Kang. Son ton était désormais empreint d'une curiosité palpable. « J’ai beaucoup de questions sur toi, Dian. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi tu avais coupé les ponts si brusquement. Peut-être que ce rendez-vous m'aidera à soit tourner définitivement la page, soit… » Il s’arrêta, se reprenant. « Soit essayer de te reconquérir. »
Dian raccrocha, son cœur battant à nouveau la chamade, mais cette fois d'anticipation et de peur mêlées.
L'espoir et le passé de Kang étaient palpables dans sa voix. Elle savait qu'elle était sur le point de lui révéler l'existence de Jiwon, de lui parler de l'homme violent, de tout ce qu'elle avait enduré.
Elle devait se préparer. La plus grande vérité de sa vie allait enfin être partagée. Elle espérait seulement que cette confession n'apporterait pas une nouvelle tempête à la famille.
Mercredi arriva, enveloppé dans un ciel gris mais sans pluie. Dian était tendue, mais sa détermination, encouragée par les paroles de Jennie, était inébranlable. Elle s'était rendue au café près du parc central seule, refusant tout accompagnement armé ou familial. Elle avait besoin de cette conversation en tête-à-tête.
Kang était déjà là. Il portait un trench-coat élégant et son sourire, bien que nerveux, était aussi chaleureux qu'elle s'en souvenait. Il se leva immédiatement en la voyant, une lueur d'espoir dans ses yeux.
« Dian. Merci d’être venue, » dit-il, tirant sa chaise.
Ils commandèrent du thé. Le bavardage initial sur leurs vies respectives fut court, Kang s'impatientant de comprendre la raison du rendez-vous.
« Tu as dit que c'était important. Qu'est-ce qui s'est passé quand tu as disparu ? J'ai cherché à te contacter, tu sais. Mais c'était comme si tu t'étais volatilisée. »
Dian prit une grande inspiration, posa sa tasse et regarda Kang droit dans les yeux. Le moment était venu.
« Je suis partie parce que j'avais peur, Kang. Peur de l'homme que j'ai épousé après notre rupture. Un homme… qui est devenu violent. Mais je suis partie parce que j'ai découvert quelque chose juste après notre rupture. »
Elle raconta l'histoire de manière factuelle, mais la douleur était palpable dans sa voix. Elle expliqua que, peu après l'avoir quitté, elle avait découvert qu'elle était enceinte. Elle expliqua ensuite la terreur que son mari avait exercée, les menaces pour sa vie et celle du bébé si elle révélait un jour l'identité du véritable père.
« Il m’a forcée à vivre dans le mensonge. Je t’ai coupé les ponts par peur qu'il te fasse du mal, » avoua Dian. Elle lui expliqua ensuite la récente crise, la panique de l'accouchement prématuré et la vérité qu'elle avait enfin révélée à sa fille.
Kang écouta, le visage de plus en plus livide. D'abord choqué par la violence qu'elle avait subie, il fut ensuite frappé par l'information la plus stupéfiante.
« Attends… Attends une minute, » dit-il, sa voix à peine audible. « Tu es en train de me dire que… »
Dian hocha la tête, les larmes aux yeux. « Tu as une fille, Kang. Elle s'appelle Jiwon. Elle a dix-huit ans. Et tu es son père. »
L'onde de choc secoua Kang de la tête aux pieds. Il ne dit rien pendant une longue minute, les mains tremblantes. Il était père. D’une jeune femme.
« Et où est-elle ? » demanda-t-il finalement.
Dian tendit un petit carnet de photos qu'elle avait préparé. « Elle est à l'hôpital. Elle vient d'accoucher prématurément de ta petite-fille.
Haneul. Elle va bien, mais la petite est en néonatologie pour le moment. »
Kang ouvrit le carnet, et découvrit des photos : Jiwon adolescente, Jiwon rayonnante malgré sa grossesse, et enfin, une photo floue d'une couveuse.
Il observa longuement le visage de Jiwon, et le doute se dissipa. La ressemblance était là, indéniable, dans la forme des yeux, dans l'expression douce. Il était père, et grand-père.
« Je… Je suis tellement désolé, Dian, » murmura-t-il, les larmes aux yeux. Il posa les photos. « J’ai tant de temps à rattraper. Je veux la connaître. Et je veux m’assurer que vous êtes toutes les deux en sécurité. Dis-moi ce que je peux faire. »
La confession était passée. L'attente et la peur de la réaction s'étaient dissipées, remplacées par une émotion forte, mais pure. Pour Dian, le chemin vers la vérité était enfin complet.
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P È R E P A R A C C I D E N T //2
FanfictionTout ne peut pas être si rose dans la vie, faudrait bien qu'il est encore des gens pour tout gâcher.
