La faible lueur de l'aube semblait avoir du mal à passer le mince filet qui recouvrait la fenêtre rectangulaire qui surplombait la jeune fille somnolente. De minces rayons avaient toutefois l'air de contourner le voilage, se glissant sur la couverture, éclairant sous forme de traits verticaux l'épais rideau tiré à l'opposé du mur. Le radio-réveil, posé nonchalamment sur une étagère peinte de gris, clignotait en affichant 06:02 d'un rouge sombre. L'unique livre abimé qui gisait à côté de la machine voyait sa couverture forcée à se replier sur le reste des pages par des lunettes ovales et dorées, ornées de petites gravures au niveau des branches brillantes, complètement ouvertes. L'ordinateur prenait un simple appui contre le mur, sous la planche qui servait de table de nuit, mais un coup de pied léger le redressa un peu trop et il bascula à plat, sur le pied de la lycéenne qui sursauta. Elle agita son membre pour pousser le PC portable, avant de se redresser en prenant appui sur ses coudes, relevant doucement la tête en sollicitant sa nuque. Elle observa un instant son lit en clignant à répétition des yeux, puis retomba en position complète allongée de façon volontaire. Elle fixa durant de longues minutes le plafond de ses yeux vert clair, éloignant machinalement les mèches rousses qui se glissaient devant son regard, avant d'enfin se résigner à se redresser pour prendre appui contre le mur. Elle tira rapidement le voilage en éclairant l'ensemble de sa "chambre", puis lança avec ses pieds l'épaisse couverture au fond du matelas, puis se faufila sur le fin drap pour attraper son ordi. Ses mains moites d'avoir passé la matinée sous la chaleur du soleil déplient doucement l'écran, tapant son code en redressant la manche de son pyjama qui avait glissé de son épaule. N'importe quel adulte l'engueulerait de faire des écrans au réveil à coup sûr, mais le temps ne durerait pas éternellement et il valait mieux être productif de n'importe quelle façon. Elle attrapa ses lunettes, joua un instant avec les branches dorées, avant que son ordi ne daigne enfin ouvrir le bureau, où elle cliqua sur l'onglet de son compte 'serial lover'. Elle grommela en constatant qu'elle avait oublié de monter en haut de la mezzanine son calepin pour noter les idées de messages.
— Bon, et puis merde, lâcha Alix en commençant à taper sur les touches bruyantes. Pas besoin de brouillon.
***
Ses cheveux mouillés pendouillaient comme à leur habitude devant les yeux vert menthe d'Alix alors qu'elle se servait un verre d'eau fraiche, jouant avec la quantité d'eau que crachait le robinet. Habillée, préparée, elle avait enfilé sa veste beige, son sac prenait mollement appui sur son épaule droite alors que son départ n'aurait su tarder. Elle posa le verre presque vide sur le piano de cuisson et répondit aux 2-3 textos de Millie tout en franchissant le seuil de la porte. Elle dut plisser les yeux un instant tant la lumière du soleil éblouissait son visage, passant sa main devant ses yeux pour bloquer les rayons lumineux. Ses pas se dirigeaient instinctivement vers son arrêt quand son corps se bloqua brusquement. Une notif. Puis deux, puis trois. Son tel captait visiblement bien mieux la 4G dans la ruelle que dans la caravane. Elle réhaussa son sac sur son épaule puis reprit le fil de sa marche en scrolant sur Insta, curieuse de voir qui avait pu répondre à une telle vitesse.
— Ah... c'est juste une des meufs à Eden, souffla Alix. La pauvre, elle était pas au courant.
Un long soupir s'échappa des lèvres fines. Des bruits légers de pas se firent entendre du côté gauche de la jeune fille.
— C'est qui, la pauvre ?
Alix pivota sa tête et un sourire léger tenta de s'échapper de son visage. Elle le réprimanda en détaillant Aiko qui se tenait là, à côté d'elle, le souffle coupé par les bourrasques qui leur balayaient le visage. L'odeur légère de la pluie flottait, entourait les deux adolescents qui se regardaient, ne sachant que dire.
— Euh... une meuf. Qui s'est fait tromper, répondit la rouquine en se grattant la gorge.
— Oh nan, la pauvre...
Sa voix semblait avoir pris en sérieux depuis la dernière fois ; ses intonations vacillaient entre le grave et l'aigu, un mélange étrange et presque monotone qui semblait pourtant apaiser le cœur paniqué de la jeune fille.
— Bah... ouais.
Le vent sifflait fort dans leurs oreilles, les quelques feuilles aux douces couleurs chaudes valsaient par-dessus les flaques d'eau qui se propageaient telles un microbe un peu partout sur la terre humide. Son cœur se serrait tandis que le jeune homme gardait à son tour le silence.
— Je vais... euh... au bus. Sinon on va le louper, lâcha Alix, les joues cramoisies, en pointant du doigt la rue suivante. Et puis Millie m'attend.
Aiko vira lui aussi au rouge tout en jouant avec les lanières de son Eastpak gris. Sa peau d'habitude laiteuse avait pris des couleurs, deux fossettes se dessinaient alors qu'il lui adressait un vague geste de la main.
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Serial Lover [Romance]
RomanceAlix a quinze ans, des cheveux roux, un teint brillant, un regard vert menthe et un sourire de fée. Les apparences, c'est la clé pour survivre dans ce monde où elle a déjà bien trop vécu de choses pour une ado. Son enfance, c'était la violence toxi...
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