Serial Lover [Romance]

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— Alix ! cracha son jeune frère dès qu'elle eut franchi le seuil de la porte. T'es en retard !

Ah oui. Merde, ça lui était complètement sorti de la tête que le feuilleton qu'elle regardait chaque samedi vers 15 heures avec Noah passait... le jour même.

— Bah écoute, rétorqua la grande sœur en fermant la porte, on aura qu'à y regarder plus tard. Là, j'ai des trucs à faire.

— Quoi comme truc ? Je peux t'aider ?

— Nan, des trucs de lycéen.

Elle se sentait peinée de le recaler ainsi, mais aucune autre manière de faire ne lui était venue à l'esprit en l'instant présent. Son frère pouvait bien survivre sans savoir qu'elle devait aller parler à un garçon complètement réservé et le mettre en confiance, tiens !

— Mais je peux pas survivre si tu me dis pas, se plaigna l'adolescent en imitant la bouille parfaite de l'enfant chouineur. Les pires, ceux qui hurlent dans les rayons des magasins pour regagner leur poussette ou les bras de leur mère.

— Tu parles, dans cinq minutes tu auras oublié, ça sert à rien de te le dire.

— Pourquoi t'es aussi froide ? demanda-t-il d'un air triste. On dirait que je parle à la Alix d'avant... maman.

Il baissa la tête, cachant les larmes chaudes qui lui roulaient sur les joues. Elle s'approcha en l'entourant de ses bras, puis posa sa tête sur son épaule.

— Je suis désolée, souffla-t-elle.

Raviver la peine de son frère reposait dans le classement de ses pires cauchemars ; et la période où la jalousie bousculait ses membres à tel point que son frère en devenait sa proie, faible et fragile comme de la glace, n'était plus une période évoquable pour aucun d'entre eux. Elle se détacha de lui pour saisir la télécommande de la petite télé moderne qui reposait sur le mur rempli d'étagères de leur "maison".

— Viens, on va le regarder, cet épisode. Et si t'as de la chance, je te dirai même ce que je dois faire !

— Sérieux ? fit le jeune homme en redressant la tête. Jure-le alors !

— Ah non, ça c'est impossible, répondit-t-elle en riant.

Le feuilleton fut assez long, ce qui laissa environ une trentaine de minutes à Alix pour s'inventer une excuse bidon censée tromper son frère naïf. Au final, elle décida de simplement lui raconter la vérité : après tout, ce n'était rien. Juste quelques mots qu'elle devait échanger avec le garçon au même nom de famille. Alors pourquoi son estomac se tordait en pensant à son visage, à ses yeux d'argent, à sa peau blanchâtre ? Alix le savait parfaitement au fond de son cœur ; elle avait pris ce stupide pari car elle voulait aborder le jeune homme, cela devenait une irrésistible envie dépourvue de logique, elle en avait pourtant conscience.

-Eh ! S'écria Noah en éteignant la télé. T'en vas pas, t'as pas dit ce que tu vas faire !

— J'ai jamais juré de te le dire, rétorqua la lycéenne en faisant mine de se rasseoir, avant de se relever pour de bon.

— Je suis sûr que t'as un copain !

— Quoi ? N'importe quoi. Je dois juste parler à un gars à cause d'un pari débile...

Bien entendu, la pique de son frère avait eu raison d'Alix. Son impulsivité avait pris le dessus en un rien de temps, basculant du côté incontrôlable de sa personnalité, celui où tout se mélange. Il ne fallait pas la chercher, surtout pas. Surtout pas...

— C'est ton mec ! cria son petit frère à travers la pièce, éveillant les soupçons de leur père qui sortait avec lenteur de la salle de bain brumeuse, les cheveux encore humides.