Alix n'avait plus le choix désormais. Non pas qu'elle l'ait déjà eu possédé, quoique. Et puis après tout, ce n'était vraiment rien : juste un simple "salut ! Ça va ? Je t'ai jamais parlé depuis la rentrée, et je me demande un peu qui t'es... voilà !" Mais elle se l'imaginait tournant sous tous les angles, scénarisait des histoires où il l'envoyait balader tel un ballon de foot envoyé trop fort. Après tout, la jeune fille n'en avait rien à faire de ce gars-là... pas vrai ? Elle voulait juste lui parler, histoire de dire qu'il est pas... bon, elle sait pas trop ce qu'il est pas. Fin si, il a pas les cheveux blonds, mais ça, tout le monde le sait...
Et voilà, ses neurones repartaient sur Aiko, sur sa peau parfaite, sur ses cheveux mal ébouriffés, sur ses yeux d'anges ; mais personne ne semblait le voir ainsi à part l'adolescente. Il avait déjà envahi ses pensées auparavant, c'est une vérité. Mais son père résidait dans le faux : jamais elle ne l'aimerait ! Rien que le mot "aimer" lui donnait des frissons. Elle ne connaissait pas l'amour vrai, l'amour fort d'une relation ; elle aimait ses amis, mais clairement pas de cette façon, et ignorait tout des sentiments. En vérité, Alix saurait bien incapable de décider si elle aime quelqu'un, tant elle ne sait trop rien de l'amour. Mais il n'y avait qu'une seule chose de sûre : elle n'était pas en kiffe sur Aiko !
En bref, le dimanche avait filé à une vitesse improbable ; quelques rires avec son frère, ceux dont elle n'a strictement jamais rêvé enfant, ainsi que de la cuisine avec le seul parent qui reste près d'elle dans ce monde. Une ambiance presque familiale, mais avec une atmosphère trop étrange pour vraiment porter ce nom. Un arrière-gout de peine se gravait dans chaque parole qui effleurait l'air saccadé par la fumée qui échappait à la hôte placée au-dessus des plaques de cuisson, ils en avaient tous vaguement conscience.
Alix se leva avec lassitude du canapé, puis se dirigea vers la porte, ne prenant même pas la peine d'attraper son manteau beige. Elle commençait à ouvrir la porte lorsque son père l'interpella, étonné :
— T'as oublié un truc, mon chat.
— Bah... Nan, répondit la lycéenne, qui partait vers son lycée le dos vide. Son géniteur pointa du doigt le sac noir basique qui cambrait entre le sol et le mur, à seulement quelques centimètres d'Alix.
— Ah... bah si. Mon sac.
— C'est quoi ce ton fatigué ? Je t'embête ? Tu sais, t'aurais eu l'air bête à te pointer sans affaires, tiens !
— Non papa, répondit-elle en baillant, j'ai juste pas trop dormi.
Définition de "pas trop dormi" : j'ai dormi environ 10 minutes avant la sonnerie de mon radio-réveil.
Et elle claqua la porte, adressant un geste flasque voulant certainement signifier : "Voilà, c'est bon, j'ai dit au revoir !"
Ses boucles rousses encore mouillées flottaient dans le vent frais qui soufflait entre les arbres du quartier et les murs des quelques maisons. Le chemin à emprunter pour rejoindre son bus matinal était composé de différents petits sentiers de terre à parcourir, et de 2 routes à traverser. Environ 5 minutes de marche qui se retirent de son temps quotidien. Décidément toujours pas pleinement éveillée, même pas du tout, elle tira ses écouteurs filaires du fond de son sac et joua des mains pour réussir à défaire les nœuds qui les rendaient complètement inutilisables, avant de les enfiler dans ses oreilles en allumant sa playlist "rock". Du Radiohead, Aerosmith, Nirvana et AC/DC, un choix parfait pour au moins la faire sursauter et frissonner à l'approche des solos de guitare. Ses épaules se relâchaient à l'entente des paroles dont elle ne comprenait malheureusement rien, puis son corps se tendait lors des changements de volume. Et puis là, boum.
La jeune fille entend à peine un bruit de moteur que la voiture file à pleine vitesse sur la route de goudron défoncée, passant à quelques centimètres de son visage pâle. La vitesse de l'instant lui lacéra l'entièreté de son être, elle se recula en respirant fortement avant de tomber à genoux au sol. Une voiture. De la vitesse. Boum. Du sang. Sa mère.
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Serial Lover [Romance]
RomanceAlix a quinze ans, des cheveux roux, un teint brillant, un regard vert menthe et un sourire de fée. Les apparences, c'est la clé pour survivre dans ce monde où elle a déjà bien trop vécu de choses pour une ado. Son enfance, c'était la violence toxi...
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