Chapitre Quarante-huit

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Ma voix se perd, mes idées s'embrouillent et il m'est maintenant impossible de me contenir plus longtemps. Tout ce que j'ai toujours gardé, tout ce que je maintenais au fond de mon âme, tout ce qui pourrissait mon existence, révélé là devant lui.

J'ai besoin de faire exploser cette profusion de sentiments, de souvenirs que j'essayais d'enterrer vainement. La vérité c'est qu'on ne peut pas enterrer son passé, on ne peut même pas espérer vivre une seconde sans qu'il ne revienne à la charge, crachant son venin pour qu'il s'imprègne davantage.

- Tu ne sais pas ! Comment j'ai voulu oublier tout ce que j'ai vécu et enduré à cause de lui ! A cause de cette merde, qui un jour m'a fait avaler un mensonge pour mieux me détruire ! Tu ignores tout ça ! Ils ignorent tous, ils pensent que tout va bien, ils se refusent de voir les problèmes !

Hunter s'approche de moi, tentant de contrôler la rage malfaisante que j'essaye d'extraire loin de moi. Il attrape mes poignets pour éviter que je ne frappe sur lui. Je n'en ai pas la force, mais pourtant je suis certaine que je pourrais en trouver.

- Il est arrivé Hunter, a pénétré dans la pièce dans un visage que je ne lui reconnaissais pas. J'ai su alors qu'il ne ressemblait pas à l'homme que j'avais connu. Il me faisait si peur, il éveillait en moi une insécurité immense, je me sentais cernée. J'ai voulu entrer dans son jeu, je croyais que c'était un moyen pour m'exciter pour que le désir monte et que j'abdique, lui permettant d'arracher mes vêtements. Je ne voulais pas qu'on couche ensemble, je voulais attendre. Attendre... Je le lui avais dit putain ! Je lui ai dit des dizaines de fois à ce fumier, à ce con que je ne voulais pas ! Il n'entendait pas ! Il ne m'écoutait pas ! Je ne savais même plus si moi-même je disais des choses sensées ! 

Je laisse mes sanglots inonder le t-shirt d'Hunter, je le laisse bercer une âme bousillée. Lui caressant mes cheveux, mon visage trempé, moi versant mon passé oralement. Ma voix chuchote maintenant une honte refoulée. La peur et les souvenirs me hantent toujours et me revenant de cette façon, ils sont encore plus puissants.

- Il n'a rien dit. Il n'a rien dit. Il... Il s'est contenté de me toucher pour m'amadouer. De me toucher pour me mettre dans son camp. De me toucher pour graver dans ma mémoire chacune de ses tentatives, chacune de ses caresses perverses, chacun de ses pressements obscènes sur ma peau. Il a déchiré le tissu. Une culotte affreuse. Affreuse et inoffensive. Il l'a déchiré d'un coup sec. Il était musclé, j'aimais cette force avant ça. Il m'a privé de tous mouvements, j'étais à sa merci, assujettie, soumise à ses pulsions, à ses idées indécentes. Il m'a mutilé la peau, le ventre et adieu les bikinis. Adieu ma vie d'avant. J'ai comprit avant qu'il n'ait commencé le travail que j'étais qu'une pauvre fille conne, tellement conne, tellement inutile et vulnérable ! J'étais salie, bafouée, humiliée, l'ombre de quelqu'un que je pensais connaître. J'ai voulu reconstruire ma vie sur un mensonge, sur une personne que j'avais l'habitude d'être. Je n'y suis pas parvenue. La différence entre mentir et dire la vérité, c'est la créativité dans le mensonge. Ca demande de la réflexion, de l'inventivité. Je suis devenue une putain de créatrice depuis cette nuit. Créatrice dans mon domaine, je me mentais à moi-même, trop confuse et trop effrayée du reste, de la vérité entre autre.

Hunter ne dit rien, il subit mes mots sans se plaindre. Mais je m'en fiche, je peux combler ses silences aujourd'hui, je peux enfin respirer.

- Il est repartie comme un voleur, il m'a baisé, puis il a foutu le camp comme ça. Comme si ça n'était que quelques minutes à remplir sur son emploi du temps. J'étais devenue une distraction c'est ça ? Je suis restée toute la nuit dans cet abri. Dans ce refuge. Mais les refuges ne sont-ils pas censés vous protéger du mal ? Vous éloigner du danger ? Le paradoxe m'a fait rire. Le paradoxe m'a gardé éveillé, m'a fait connaître des insomnies incroyables. J'ai laissé le sol recueillir le flot de ma réussite. Des larmes moches, qui me tiraient vers le fond. La douleur présente dans mon cœur n'avait rien de comparable à celle subit dans mon entrejambe, ni à celle de la lame qui avait dansé sur mon ventre. C'était pire, parce que je ne pouvais rien faire pour qu'elle guérisse, c'était invisible mais pourtant bien là. 

HunterWhere stories live. Discover now