Chapitre Quarante-sept

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Je rabats la couverture sur ma tête. Je me sens mieux là-dessous. Comme dans une coquille d'huître. A l'abri, tranquille, reposée. Intouchable, le mot que je cherchais. Je suis intouchable, et si cette personne me touche ma grippe se répandra en signe de rejet. 

Deux mains agrippent la couverture. Une odeur de parfum d'homme remplit mes narines. Je trouve ça étrange. Etant enrhumée comme jamais, je ne devrais pas être capable de sentir ça. Seulement l'odeur est si forte et si agréable que mes sinus baissent les armes.

Il me faut mon sirop. J'ai eu le temps de me rendre chez le médecin ce matin. C'était une mauvaise idée parce que mon corps n'a pas tout pigé. Mais il me fallait ces médicaments pour ne pas totalement sombrer. 

J'aurais pu demander à ma mère ou à Naomi d'aller les chercher pour moi. Pourquoi n'y ais-je pas pensé ? 

Je suis devenue plus stupide d'heure en heure. Ça devient inquiétant.

Ma fin s'annonce déjà.

Et maintenant je tousse comme un vieillard qui s'enfile des clopes depuis qu'il en a découvert l'existence.

- Eh Rain. Tout doux, tout doux.

Une voix d'homme vient de scinder l'air. Et de fracasser mes tympans par la même occasion. Je n'ai cependant pas reconnu de qui il s'agissait.

Au hasard, je penche pour Auberon.

En reniflant salement, j'essaye d'aligner des mots cohérents.

- Auberon c'est toi ?

L'homme ne répond pas tout de suite. Ce qui me donne un moment de répit important. Je prends le temps de l'apprécier comme il le mérite. La main qu'il faisait naviguer sur mes cheveux humides -je ne m'en rends compte que maintenant- s'arrête dans son élan. Ca me perturbe.

- Rain, c'est Hunter.

Rain, c'est Hunter.

Hunter.

Hunter est chez Rain le futur flan. 

Putain.

Je suis nulle dans le rôle de la malade. Mais j'ignorais que je pouvais être encore plus nulle dans le rôle de la malade impolie. Comment j'ai pu confondre sa voix avec celle de mon boss ? Il est plus que tant que ma transformation en flan s'achève.

Je tente de lever une de mes mains pour la foutre sur une partie de son corps. Peu importe laquelle. Mais dans ma pauvre démarche, je ne trouve pas la puissance nécessaire et oublie l'idée.

Il doit bien se marrer en me voyant ainsi, vulnérable et hideuse. Le pire c'est que je ne pense même pas à améliorer mon état. J'ai la flemme et je ne sais pas si j'en ai l'envie.

- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? T'as l'air dans un sale état.

Bien sûr que je le suis sombre crétin.

Ça ne va pas pour s'arranger en plus. Voilà que je me mets à l'insulter dans ma tête. Quelque chose ne tourne vraiment pas rond chez moi.

- J'ai attrapé la crève.

- Ça fait longtemps ?

- Hier.

Ma toux explose.

Hunter a l'air de s'intéresser à mon cas, et intérieurement je vais bien. Ça me fait plaisir qu'il soit ici. Mais j'imagine bien qu'il n'est pas venu pour me regarder dépérir.

- Tu as besoin de quelque chose ?

Son attention me touche, mais tout ce que je veux maintenant, c'est qu'il sorte de chez moi pour que je puisse vaquer à mon occupation la plus bandante depuis hier soir : dormir. Seule. Quoique je dirais pas non si il veut s'incruster, c'est à ses risques et périls.

HunterWhere stories live. Discover now