Chapitre 58

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Nos pas nous mènent vers l'autre entrée de la cité, celle que j'ai sans doute utilisée. Derrière les feuillages se dessine un groupe d'homme. Rafael est attaché contre un arbre, le visage aux teintes rose et bleu. Sergio me fait signe de rester silencieuse et de le suivre. Lentement, on se rapproche, marchant lentement sur les feuilles de la forêt, jusqu'à être proche du groupe. Les hommes hurlent dans leurs langues et chargent des armes sur leurs épaules rapidement.

— Que disent-ils ?

— Ils savent que c'était une embuscade, ils vont vite retourner à l'intérieur, armé pour se débarrasser des gêneurs, répond Sergio.

El oro es nuestro ! disent-ils.

Le chef s'approche du groupe.

Toma tus armas.Cortes quédate aquí y mira Santos, dit-il.

— Ils vont laisser Wauja ici, le temps de ramasser de l'or, explique Sergio. On va pouvoir le libérer.

Puis, comme des fourmis bien organisées, ils se dirigent vers l'entrée de la grotte. Sergio me fait signe de rester ou je suis et se faufile, tel un animal, vers Rafael. Les derniers hommes restants pestent, montrant où ils auraient préféré être en ce moment. Mais leurs attentions sont clairement dirigées vers l'entrée de la grotte, soit à l'inverse de mes amis. Soudain, la silhouette de Cortes, apparait. Il se dirige directement vers Sergio et Rafael. Je regarde la direction que vient de prendre Sergio. Si jamais, ils les voient, il alertera les autres et ils reviendront sur leurs pas.

Sans hésiter, je prends le chemin que vient d'emprunter Sergio, mais au lieu de continuer jusqu'à mes amis, je sors de ma cachette près de Cortes, faisant mine d'être surprise.

Dès qu'il me voit, il sursaute.

— Salut ma jolie.

Je fais mine d'avoir peur et retourne dans les buissons, presque en courant. Il me suit aussitôt et me court après.

— Revient, tu ne peux pas t'échapper.

Mais, je ne m'arrête pas pour autant et escale la terre, près de la cascade en m'aidant des branches pour me faire aller plus vite. Il me suit avec une certaine difficulté, mais ralenti à peine.

Arrivé en haut, alors que le bruit de la cascade est plus dense dans mes oreilles, je cours près des arbres, mais glisse sur la boue et m'étale de tout mon long. Mouillé et pleine de boue, je me redresse lentement, glissant plus que je n'arrive à me relever. Cortes arrive au même moment et avec élan se jette sur moi. J'essaie de l'esquiver, mais son corps est lourd tandis que le mien est boueux. Je le repousse avec mes mains, mais il me repousse. D'un coup de coude, je frappe sa joue, le faisant reculer de quelques centimètres, puis, avec ma jambe, je le repousse en arrière, près du bord. Il me regarde en souriant.

— Tu pensais que j'allais tomber ? Haha, en voilà une idée. Mais, tu sais, les hommes forts ne tombent pas et ne meurent pas.

Ce rappel à la mort me fait frissonner, comme un rappel que la vie n'est pas juste. Autant pour mon père que pour les habitants de Paititi. Les incas ont laissé un trésor, sans pensées qu'elle couterait la vie à de nombreuses personnes. Cortes n'est pas différent du sentier lumineux. Pour autant, pas tout le monde n'est comme ça. Cette vielle femme et les autres ont fait preuves d'un grand courage, d'une force peu commune. Si on devait décrire une personne forte alors, elles en feraient partie.

Je me relève en m'appuyant sur mes genoux pleins de boues.

— Tu n'es pas fort, tu es pitoyable, affirmé-je. Comme tous ces hommes. Vous êtes prêt à détruire, à tuer pour votre propre compte sans respecter la valeur humaine.

Son regard se durcit, comme si mes mots l'avaient touché.

— Tu vas rejoindre ces faibles...

Il s'avance, mais son pied glisse sur le côté. Il essaie de se rattraper, mais ses bras s'agitent dans les airs, sans qu'il puisse faire quoique ce soit. Son corps par en arrière, appelait par la gravité.

Je tends le bras, mais c'est trop tard. Il tombe, comme si la cité l'appeler dans la mort lui aussi. 

Au cœur de la forêtWhere stories live. Discover now