Chapitre 52

552 31 0
                                    

Accroché à son bras, je marche à ses côtés. Les maisons recouvertes de feuilles et de pailles nous entourent, forme un village auquel les enfants cours en riant.

Je souris face à ce spectacle magnifique. Dans cet univers de joie, moi aussi, j'ai le cœur en fête, j'ai retrouvé mon père.

— Mes recherches m'ont amené ici, explique mon père. Évidemment, ce n'est pas vraiment une cité, mais plutôt un vestige longtemps laissé à l'abandon. Les trésors de la cité d'or sont encore debout, mais les gens n'y vivent plus depuis longtemps. Aujourd'hui, il ne reste que quelques personnes.

Je m'arrête, et tire sur son bras.

— Tu veux dire que tu as trouvé Paititi ?

Il me regarde, et un sourire illumine son visage. Lentement, il ouvre les bras.

— Oui, c'est ici que tu es !

Je regarde autour de moi. Dans la végétation abondante, il n'y a que des maisons, à aucun moment, je n'ai vu de l'or. Les arbres recouvrent le village entier, ne laissant aucune place à un paysage de l'époque incas..

— C'est impossible, elle n'est pas d'or ?

Mon père souffle,

— Et, si, c'est possible. C'est juste que les incas ont disparu, ou du moins leurs principes de vie de l'époque, ne laissant aux générations futures que des vestiges d'une civilisation ancienne. Et les autochtones ne vivent plus dans l'or.

— Et où est la cité d'or elle-même ? Celle qui est recouverte d'or des pieds à la tête ?

Mon père passe une main dans sa barbe et regarde un point au loin avant de se tourner vers moi.

— Vient avec moi. Je dois te montrer quelque chose.

Je le suis, me laissant guider. Il pousse les immenses feuilles et avance à pas de loup entre les arbres. Je le suis, suivant ses pas d'un geste plutôt souple. Peu à peu, de la mousse sur le sol apparaît, me laissant penser que de l'eau à profusion ne doit pas être bien loin.

— On y est presque, ça va ? le terrain n'est pas trop difficile ? questionne mon père.

Je souris plus pour moi qu'autre chose. Comment lui dire que j'ai traversé le Pérou à pied pour le retrouver et que rien ne peut être plus difficile que ça.

— Ça va aller, j'en ai vu d'autre.

— Oui, c'est ce que je vois.

Soudain, devant moi, se dessine des reflets jaunes. Je dépasse mon père et repousse la dernière feuille. Là, sous mes yeux, une pyramide inca en or apparaît, devant un cours d'eau qui finit au fond, dans l'ombre. Tout est en or, les murs, le pont et les maisons empilés sur les étages de la pyramide.

Je n'arrive plus à bouger, ni à prononcer quoi que ce soit. De toute ma vie, je ne pensais pas voir ce genre de paysage.

La lumière qui filtre par de petits trous au niveau du plafond, se reflète sur la pyramide.

— Le plafond....

Mon père s'approche et pose une main sur mon épaule.

— Oui, nous sommes quasiment sous terre. Les trous que tu voies sont les seuls accès au soleil.

— Comment ça ?

— C'est une sorte de grotte. L'entrée est sous la cascade.

Je regarde la cité en balayant mon regard sur la rivière qui finit dans l'ombre de la grotte.

— Pourquoi sous terre, pourquoi ...

— Paititi serait la cité secrète où les derniers incas, ayant constaté l'appétit sans limites des envahisseurs pour l'or, auraient mis à l'abri la grande majorité de leurs objets sacrés dans des endroits inacceptables.

Pour protéger leurs trésors ?

— Oui, juste après la défaite de Cusco par les Espagnols. Ils ont fui ici et sont restés à l'écart de toute intrusion. Depuis lors, les anciens des Andes disent que « A Païtiti vit Inkarri Intipchurrin (l'Inca Roi Souverain fils du Soleil) qui jusqu'à maintenant règne dans le silence, se préparant pour rétablir l'ordre interrompu de l'univers. »

Je fronce les sourcils, sans comprendre le moindre mot.

— Rétablir l'ordre interrompu de l'univers ? qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je ne sais pas, mais, ce texte est présent dans beaucoup de chambre de la pyramide. Je pense que c'est juste un message des esprits.

C'est curieux ou du moins pour moi, ces mots n'ont aucun sens. Je pense que ça doit vouloir dire quelque chose, une transcription plus spirituelle que textuelle.

— Danielle, il faut que je dise quelque chose.

Mais, avant que mon père n'est pu finir sa phrase, un homme s'approche, coupant la phrase de mon père.

— Dani, voici l'un des guides qui nous accompagnait jusqu'ici.

Son allure est grande et élancée mais, un détail familier attire mon regard. Les yeux rieurs d'une petite fille que je connais.

— Vous êtes... le père d'Elena ? Padre Elena ?

L'homme regarde mon père un instant, avant de poser un regard interrogateur un moi.

— ¿Cómo conoces a mi hija?

Un sourire nostalgique se dessine sur mes lèvres. Les souvenirs sont frais et encore doux dans ma mémoire.

— J'ai rencontré Elena en arrivant au Pérou, grâce a .... Rafael.

Mon père se retourne vers moi, le visage inquiet.

— Dis-moi comment tu es arrivé ici ? Questionne-t-il.

Je plonge mon regard dans le sien.

— Papa... si tu savais... quand tu as disparu et que les recherches se sont arrêtées. J'ai pris l'avion et je suis allé au Pérou.

Je recule, laissant mon champ de vision emplir ma vue. Ce paysage sous une grotte, ou dort une cité d'or est un rappel dans mon cœur.

— C'est là que j'ai rencontré mon guide et qu'on s'est lancé ensemble pour te retrouver, continué-je. Il m'a emmenée dans la forêt, ici...je lui dois tant.

— Raconte-moi.

Je lui dis tout, sans rien n'oublié. Mes émotions sont difficiles à contrôler, mais je n'ai pas le choix.

— À la fin, il a été capturé par un groupe d'hommes qui cherche la cité. Ils en avaient après toi.

Les yeux de mon père passent de l'inquiétude à la frayeur. Il pose ses mains sur mes épaules et resserre ses doigts.

— Tu as eu affaire à eux ?

J'acquiesce de la tête, laissant échapper un rire malgré moi. C'est un euphémisme.

— Papa, il faut qu'on sauve Rafael, qu'on trouve un moyen de le secourir avant qu'ils ne lui fassent du mal.

— Je ne vois pas comment. Les survivants ne sont pas des guerriers, ils ne pourront pas t'aider.

Je fronce les sourcils.

— Il ne faut pas désespérer. Si j'ai réussi à arriver jusqu'à toi, c'est bien qu'on peut y arriver, qu'on peut rentrer à la maison.

— Ma puce, tu ne comprends pas. Je ne peux pas sortir de la cité.

— Pourquoi ?

— Demande aux anciens esprits, ils t'aideront.

Puis, comme happé par le brouillard, il recule. Ses pieds ne touchent pas vraiment le sol, mais, se déplace en arrière, s'éloignant de moi.

— Papa ! Papa, ou tu vas ?

— Je vous aime, dit-il.

Au cœur de la forêtDonde viven las historias. Descúbrelo ahora