Chapitre 56

544 30 0
                                    

Elle me repose plus loin, près des arbres. La vielle femme s'accroupit devant moi et saisie mes mains entre les siennes. D'un geste calculer, elle me montre un point sur son épaule, puis forme un rond du bout de ses doigts. Ensuite, elle pointe l'endroit que nous venons de quitter et me regarde de nouveau, une certaine compassion dans son regard.

Mes yeux se remplissent de larme. Un rond dans la poitrine. Mon père a eu une balle dans la poitrine et n'a pas dû survivre à cette blessure.

Cette vérité est difficile à encaisser, à accepter. Mes larmes cèdent, se libérant par flot sur mes joues. La vielle femme pose une main contre mon épaule et m'attire contre elle.

Je saisis son dos sous mes doigts,

Encontrar !

Je recule aussitôt. Près du groupe de femme, des hommes sortent des buissons. Les femmes se mettent automatiquement devant les enfants. Ils s'approchent, ricanant, les yeux pétillants, comme si, le spectacle devant eux était le plus beau jour de leur vie. Les armes qu'ils ont aux mains ne sont là que pour une seule chose, l'or. Et pour ça, nous sommes clairement sur leurs passages. La vielle femme se relève et rejoint son groupe en suppliant par des mots d'un autre temps. Les hommes se rapprochent d'eux, montrant clairement que ces propos sont inutiles. Je me relève, le cœur lourd de peine. Mon corps ne ressent que de la peine, oubliant ses connexions nerveuses et ses muscles. Je me place devant la vielle femme, bras ouvert pour la protéger.

Non, je ne laisserai pas la mort les toucher, eux aussi et ça, même si je dois y laisser la vie. Stop a la mort, stop aux vies blessées par la chasse à l'or.

L'un des hommes s'approche de moi, l'air menaçant. Le temps semblant suspendu. Pourtant, alors que mon cœur accepte ce qu'il va se passer, Sergio arrive silencieusement, couteau en main et d'un geste, égorge l'homme. Il tombe en avant, surpris. L'effet de surprise est étonnant, nos agresseurs réagissent lentement et on a peine le temps de réagir à l'attaque de Sergio. Ils sont nombreux, trop peut-être pour un seul homme. Je regarde autour de moi et saisie larme de l'homme que Sergio a tué en premier et me lance sur l'un des hommes restants.

Mes maigres forcent repousse à peine l'homme de quelque pas, mais je garde le cap et agite mon arme dans sa direction. Il me regarde d'une manière curieuse, comme celle qu'on a envers un moustique. Mais, alors que je m'apprête à me lancer une nouvelle fois sur cet homme, un groupe de femme se lance sur lui, bâton en main, le frappant jusqu'à qu'il tombe sur le sol. Face à cet élan de combativité, le souffle dans ma poitrine revient peu à peu, mais mes jambes cèdent. Sergio s'approche aussitôt.

— Ça va ? Questionne-t-il.

Mes yeux se lèvent vers lui et l'observent. Il est dans un sale état, recouvert de bleu et de contusion. Je serre les dents. Au-delà de la mort de mon père, ils se battent pour sauver des vies.

Pardon papa, mais pour l'instant, je ne peux pas te pleurer. Trop de vie sont en jeu. Trop de gens se battent pour vivre. D'un geste rageur, j'essuie les larmes sous mes yeux et prends une grande inspiration.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Questionné-je d'une voix tremblante.

— Le père de Rafael nous a trouvé, mais le temps qu'on vous rejoigne, tu étais déjà ici et Wauja entre leurs mains.

Ce rappel est, lui aussi, douloureux.

— Le père de Wauja a monté une embuscade pour le sentier lumineux. Avec Dantae, ils leur ont volé des bombes et quelques équipements.

— Des Bombes ?

— Le sentier lumineux était déjà rentré dans la grotte et se dirigeait vers vous. En créant une explosion, il les a forcés à faire demi-tour, croyant qu'ils étaient attaqués par-derrière. Je me suis dépêcher de rejoindre le village pour vous faire sortir d'ici avant qu'ils n'atteignent la grotte.

Je baisse la tête. L'entrée de la grotte par laquelle je suis venue.

— Je les conduis jusqu'ici...

Sergio pose une main sur mon épaule.

Puma, ce n'est pas le moment pour la douleur. Il faut sauver les gens d'ici.

Il a raison, c'est certain, mais trop de chose, de douleur emplissent mon cœur et mon esprit.

— Qu'est-ce que tu proposes ?

— D'abord évacué ces gens et après...

Inti, intervient la vielle femme.

Sergio la regarde, cherchant une réponse à ses propos.

— Que dit-elle ? Demande t-il.

— Je pense qu'elle parle d'Inti, le dieu soleil, mais pourquoi, je l'ignore.

La vielle femme se tourne vers le groupe de femmes et leur dit quelques mots avant de se tourner vers Sergio et moi. D'un geste de la main nous fait de signe de les suivre.

— Elle veut qu'on les suive et je pense qu'on devrait l'écouter, proposé-je.

Sergio me regarde et acquiesce sans dire un mot. 

Au cœur de la forêtWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu