Chapitre 51

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La douleur dans ma tête est virulente et cause des nausées insoutenables dans mon estomac. J'ouvre les yeux, mais trop ébloui par la lumière, je les referme. Pourtant, je ne dois pas dormir, je dois retourner voir Rafael avant qu'il ne soit trop tard...avant que je le perde pour toujours. Mon corps s'agite, cherche à se lever. Ma vue vacille entre réalité et imaginaire, sans trop comprendre le paysage qui se trouve sous mes yeux.

Soudain, une goutte d'eau froide atterrit sur ma joue. C'est une sensation curieuse sur ma peau, plus chaude. Soudainement, une autre tombe près de mon œil. Tout aussi froid. Elle me ramène peu à peu à la réalité. Peu à peu, la douleur passe. Devenant à peine lancinante. Les nausées semblent avoir disparu. Je soulève mes paupières. Le plafond au-dessus de moi est sombre, mais reflète une lueur d'eau et de soleil.

Une petite fille, assise juste à côté et penchée devant une grande feuille, a écrasé une sorte de pâte verte.

Qui est-ce ?

Ces vêtements ressemblent à ceux des autochtones. Je tourne brièvement les yeux de l'autre côté, un petit garçon pose une substance verte sur mon bras. J'ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais je sombre de nouveau dans les ténèbres.

J'ouvre de nouveau les yeux. Les deux enfants sont penchés sur une feuille avec la même substance verte que sur mon bras.

— Qui... êtes-vous ?

Ils sursautent et se lèvent en courant, laissant la feuille sur le sol.

— Non, attendez...

Je lève le bras, essayant de me relever, mais ce geste fait retomber une mousse verte, de mon bras, sur le sol. Je me relève tant bien que mal et m'assoie.

D'où viennent-ils ? Peuvent-ils m'aider à sauver Rafael ?

Je m'appuie sur mon bras, et m'assois sur mes genoux, puis le plus rapidement possible, je me mets debout. Je cours, mais retombe aussitôt sur le sol de pierre.

***

— Danielle !

Je me retourne, posant mes pieds sur de l'herbe bien verte, comme si un être surnaturel m'appelait. Cette voix, je la connais, je sais de qui elle vient. Je désire l'entendre depuis plusieurs semaines.

Mon père.

Mon corps et mon cœur s'entrechoquent en même temps. Dans un élan, je me jette dans ses bras, profitant de sa chaleur si familière.

— Papa !

Il resserre ses bras autour de mes épaules avec force, en s'accrochant à moi comme à une bouée. Mon nez se loge contre sa poitrine. Ce contact m'avait manqué. J'avais terriblement peur de ne plus l'avoir.

— Papa... Tu es la....tu es vivant...

Il pose sa main sur ma tête et resserre son emprise. Ces mains tremblent, semblent hésitantes. En même temps, mon père n'a jamais eu le contact facile alors, je sais que ce geste reflète ses sentiments, sa joie de me revoir.

— Oh, ma petite fille.

Les larmes coulent toutes seules sur mes joues. Ce ne sont pas des larmes de tristesse, mais de joie. Ces dernières semaines, j'ai refoulé ces larmes, les gardant de côté en attendant de savoir. Puis, il recule. Mes yeux se posent alors sur son visage. Ses joues creusées sont recouvertes d'une barbe. Ses yeux, habituellement plein de vie, sont fatigués.

— Mais... qu'est-ce que tu fais là ? Questionne-t-il.

Un sourire s'étire sur mon visage. Comme si cette question était drôle. Elle ne l'est pas évidemment, mais, de toute ma vie, je ne pensais pas répondre à cette question.

— Je ... je suis venue te chercher.

Mais ses yeux, habituellement doux, se durcissent. Est-il en colère de ma venue ? ou ne voulait-il pas qu'on le retrouve. À son expression, le doute s'installe.

— Papa ?

Il change d'expression, changeant d'expression.

— Je suis tellement heureux de te revoir, finit-il par dire.

Pourtant, je n'ai pas rêvé son expression. Que se passe-t-il ?

— J'ai tant de chose à te montrer, tu ne vas pas y croire. 

Au cœur de la forêtWhere stories live. Discover now