Chapitre 30 | Marinette

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— Tikki, ruban !

Mon kwami attrape le matériel sur ma table et me l'apporte.

— Tikki, aiguille rouge !

Et ainsi de suite jusqu'à ce que le chapeau de cowboy rose brodé Barbie soit terminé. Les journées se suivent et se ressemblent, je suis ensevelie sous une montagne de commandes venant des amis proches de Jules. À la seconde où j'ai entamé mes démarches pour devenir indépendante, j'ai reçu une dizaine de préparations diverses et, comme à mon habitude, je n'ai pu en refuser aucune.

À la seconde où je coupe le fil brodé du dernier E, je pose le chapeau sur ma table et m'effondre sur mon coffre.

— Enfin fini ! clamé-je, les bras tombant mollement de part et d'autre de la boite.

— Fini... gémit Tikki, sans qui je n'aurais pas été capable de garder un esprit sain. On peut se détendre maintenant ?

Mes rires la secouent doucement alors qu'elle est affalée sur mon sternum.

— Oui, promis, on se calme.

Je ferme les paupières et écoute ma respiration ralentir. L'adrénaline qui me maintenait opérationnelle s'échappe par tous les pores et laisse place à la fatigue. Au moins, tout ce remue-ménage permet de m'occuper l'esprit, d'ignorer toutes les actualités autour d'Adrien et la famille Agreste. Une alerte du Ladyblog m'a informée malgré moi des balades de mon partenaire, de ses conseils de beauté et ses compliments sur la boulangerie de mes parents. Heureux d'avoir un peu de publicité, ceux-ci se sont empressés de lancer une série de Cupcakes sur le thème de Chat Noir en espérant que celui-ci se présente dans leur boutique pour la goûter.

Enfermée dans ma chambre, je n'ai aucune idée de s'il l'a fait ou non. Sous son masque, Adrien n'aurait probablement pas voulu me déranger.

Dans un ultime effort, je ramasse mon téléphone à terre et le lève à hauteur de mes yeux.

— Il n'est que deux heures de l'après-midi, Tikki. Si je m'endors maintenant, je suis bonne pour déphaser mon sommeil.

Mais celle-ci n'a pas perdu de temps. Délicatement, je l'attrape dans sa main et la dépose dans ma bourse. En allumant mon portable, je remarque le nombre de messages de la part de mes anciens collègues.

Rose : Coucou Marinette, on va ensemble à la cérémonie ?

Monica : Alors, Daddy Agreste a encore frappé ?

Sophie : J'ai reçu une invitation des Agreste, tu sais de quoi il s'agit ?

Je fronce les sourcils, de quoi parlent-elles ?

Ma bouche se déforme quand je baille, je balaie les petites larmes de sommeil au coin de mes yeux et me lève pour m'étirer. Ma tête se met à tourner légèrement, marcher devrait arranger ça. Engourdie de la tête aux pieds, je rejoins la boulangerie où mes parents s'occupent des clients rameutés par le cupcake Chat Noir.

— Ma chérie, tu as du courrier !

Ma mère se précipite vers une armoire où elle extirpe une enveloppe blanche pour me la tendre. Mon nom est inscrit en lettre manuscrite.

— Bizarre, je n'ai pas modifié mon adresse.

Même si je n'y ai pas remis les pieds depuis plusieurs jours par peur des journalistes, je n'ai fait aucune démarche pour changer de logement. Celui dans les bases de données ne doit donc pas être celui de la boulangerie.

Cécité [TOME 2]Where stories live. Discover now