Chapitre 3 | Marinette

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— Comment ça, « ça ne te fait rien ? » C'est d'Adrien qu'on parle là.

Par appel vidéo, alors que j'emprunte le métro tôt ce matin-là, Alya profite du retard de son professeur pour discuter. Je me presse contre le radiateur en panne de mon wagon. Mon voisin grogne, il me jette quelques coups d'œil dans l'optique de me convaincre de raccrocher. Je fais mine de ne pas le remarquer et glousse à la caméra. Ma meilleure amie tourne lentement sur elle-même pour me montrer son amphithéâtre.

— Je sais, c'est fou, hein ?

— Tu es vraiment en train de me dire que le garçon que tu convoites depuis le collège sort avec la plus grande superhéroïne du pays et que tu « l'acceptes » ?

Je hoche la tête, mes mâchoires tétanisées par un sourire pénible. Le métro s'enfonce dans un tunnel, mon reflet légèrement déformé se projette sur la vitre. Le mensonge fait partie intégrante de ma vie depuis très longtemps, mais c'est toujours plus compliqué avec Alya. Elle lève les bras au ciel.

— Ça alors, je trouve ça aussi dingue que si tu me racontais que tu sortais avec Chat Noir.

À ce sujet...

— Attends de voir ce que Chloé va me faire comme sale coup, marmonné-je pour moi-même.

— Tu as dit quoi ?

Je me raidis sur mon siège, mon voisin ajuste ses écouteurs pour ne plus m'entendre.

— Moi ? Rien du tout ! J'expliquais juste que j'avais grandi, c'est tout. Si Adrien est heureux avec Ladybug, alors ça me va PAR-FAI-TEMENT bien !

Je manque de perdre mon téléphone en présentant le plat de mains en signe d'innocence. La nuit a été courte, j'ai eu du mal à m'endormir après les événements de la veille. L'envie de lui écrire m'a torturée pendant de longues heures, mais j'ai résisté. De toute façon, Adrien et moi sommes amenés à nous voir bientôt.

Comme si le monde avait lu dans mes pensées, le métro arrive à quai. Je me lève et escalade mon voisin bougon sans chercher à lui parler. De l'autre côté de l'écran, des voix s'insurgent à l'entrée du professeur. Cela tombe à pic. Tandis que je me fraie un chemin dans un groupe de travailleurs trop pressés s'écarter, j'élève le ton pour qu'Alya m'entende :

— Je dois te laisser, à plus tard !

— À plus tard, Marinette, bon courage !

Du courage, j'en vais en avoir besoin. Après le mouvement de foule, c'est une série de marches que je dois affronter pour me dégager du métro. Une fois à l'air libre, j'ouvre l'application GPS de mon portable pour m'orienter. Le soleil est timide, mais présent. Pour mon premier jour, je dois assister Adrien lors d'une séance photo. Basique. Rien de très compliqué, mais plus je me rapproche de ma destination, plus mon ventre se noue. Je joue nerveusement avec le bracelet Swarowski offert par Adrien. Une attention rien que pour lui. La bourse accrochée à ma hanche se met à bouger. Tikki dégage sa tête du fermoir.

— Respire Marinette, tout va bien se passer !

Je m'aperçois que je retiens mon souffle. Mes poumons se dégonflent de douleur quand j'expire.

— Tu as raison.

Je m'oblige à prendre de longues inspirations pour me calmer.

Un, deux, un, deux.

Mes muscles se détendent progressivement, jusqu'à ce qu'une voix nasillarde s'exclame.

— C'est ridicule !

Cécité [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant