Cécité [TOME 2]

Chapitre 15 | Adrien

— Ladybug ! hurle Chloé, assise à même le sol, dans sa taille originelle.

Ma lady a finalement trouvé le moyen de désakumatiser Chloé, pour la centième fois depuis l'apparition du Papillon. N'ayant pas usé de mon cataclysme durant la bataille, je sonde les environs à la recherche de ma partenaire afin de célébrer notre nouvelle victoire.

— Cette fille est ridicule ! Tout simplement ridicule !

Les gémissements de mon amie ne me touchent pas, jusqu'à ce qu'elle replie ses jambes contre sa poitrine et commence à sangloter. Quand elle fait semblant de pleurer, Chloé se montre plus exubérante que ça. Pour la première fois depuis des années, je la sens vraiment triste.

— Eh, tout va bien ?

N'ayant pas de réponse audible de sa part, je m'accroupis devant elle et pose ma griffe sur son épaule. Elle se dégage violemment.

— Ne me touche pas avec tes sales pattes !

— Je te prie de croire que tout ce qui est dans ce costume est propre.

Et que même après avoir porté du latex pendant une longue journée, je sens toujours très bon. Je pourrais partir et la laisser seule, mais quelque chose me retient.

— C'est la vidéo de Ladybug qui te rend triste ?

— B-Bien sûr que non, cette fille ne vaut rien du tout ! Elle veut juste me faire du mal !

Bien que je comprenne la colère de Marinette vis-à-vis de Chloé, j'ai moi-même des difficultés à saisir ce qu'elle cherchait en tournant cette vidéo pour le Ladyblog.

— J'irai lui en parler. Mais en échange, tu dois me promettre d'arrêter de raconter des mensonges.

Sous deux sanglots, Chloé se met à rire. Ses yeux rougis trahissent la fierté qu'elle tente de démontrer.

— Regardez-moi cet imbécile.

— Je te demande pardon ?

— Pour un type qui sort avec cette empotée de boulangère, tu n'as aucune leçon à me donner !

Boulangère ? C'est ainsi que Chloé surnomme Marinette, mais j'ai besoin de plus d'explications. La fille du maire me fixe, et chasse ses larmes. Son mascara a légèrement coulé, assombrissant ses yeux bleus et laissant des traces sur ses joues.

— Quoi, elle ne te l'a pas dit ? J'ai des photos de vous deux en train de vous bécoter.

Si Marinette m'avait informé des clichés entre elle et moi, je m'en souviendrais. Lors de nos prises de tête, il était question de Ladybug et d'Adrien, jamais de Marinette et Chat Noir.

— Oh, mon pauvre, elle s'est aussi foutue de toi, que c'est triste !

Ironiquement, il n'y a plus de trace de chagrin dans sa voix, que de la rancœur et du sarcasme.

— Cette idiote a cru qu'en supprimant les preuves de mon téléphone, je n'aurais pas conservé ces délicieux clichés. Tu veux les voir ?

Je secoue la tête. L'existence ou non de ses photos n'a aucune importance, même si je m'interroge sur les raisons du silence de Marinette.

— Me menacer ne t'apportera rien, Chloé. C'est ma vie privée et celle de Marinette, fais ce qui te chante.

Si j'avais eu l'infime espoir de changer mon amie en une bonne personne, elle venait d'y mettre fin d'une façon abrupte. Je me relève sur mes deux jambes et étends mon bâton avant que les journalistes ne profitent de ma présence pour m'interviewer au sujet des déclarations de Ladybug.