Chapitre 20 | Marinette

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Dès l'instant où j'ouvre les yeux, le plafond et les murs roses m'insufflent une sensation étrange. Je ne suis pas dans mon studio. Mais à la vue des meubles de rangement et du bureau, je me rappelle de l'endroit où j'ai terminé ma nuit : mon ancienne chambre. Sur le panneau en liège, plus de photo d'Adrien, plus de punaises colorées, j'avais tout embarqué dans une caisse lors de mon déménagement.

Assise sur mon lit, les genoux légèrement repliés, je me frotte les yeux embrumés par le sommeil.

— Bonjour Marinette !

Tikki a l'air en forme, pourtant, je l'ai fait veillé tard. Je me glisse vers l'échelle et rejoins la terre ferme.

— Bonjour Tikki.

Je bâille et étire chaque muscle de mon corps. J'ai beau avoir des superpouvoirs pour courir et sauter sans m'épuiser, je suis en proie aux courbatures comme tout le monde.

Après avoir rendu visite à Chloé, j'ai passé des heures à me promener sur les toits, seule. Chat Noir ne m'a pas rejoint, contrairement à mes prédictions. Il a sûrement compris mon désir de m'isoler. Ainsi, quand toutes les lumières de la capitale se sont éteints, je rebroussais chemin quand l'anxiété m'a regagné : et s'ils m'attendaient au pied de mon immeuble ? Et si je ne pouvais pas rentrer ? Alors j'ai fait la première chose à l'esprit à ce moment-là : je suis retournée chez mes parents.

Il était si tôt que mon père venait de se lever pour commencer la préparation des baguettes. Je me suis détransformée à proximité de la boulangerie avant de me présenter à l'accueil. Bien sûr, il était surpris de me voir et a appelé ma mère, tout aussi réveillée pour lui prêter un coup de main. Ils savaient pour Chat Noir et moi, donc je n'ai pas eu à m'expliquer pour qu'ils me poussent à me coucher dans mon ancienne chambre.

— Il faut que je les remercie, je n'ai pas passé beaucoup de temps avec eux depuis mon départ.

J'ouvre la trappe, habillée des vêtements sombres de la veille. Le son de la télévision me parvient, je descends doucement les marches et aperçois ma maman installée dans la cuisine. Un bol de lait et un croissant frais m'attendent sur le bord de l'îlot central.

— Bonjour, ma chérie, tu as quand même su dormir ?

Elle m'embrasse la joue et me recoiffe. Sentir ses doigts dans mes cheveux me fait un bien fou, j'ai besoin de sérénité et de paix : tout ce qui représente ma mère.

— Merci maman. Je vais mieux.

Les news défilent à l'écran, je me tiens dos à la télévision, de peur qu'une information me concernant n'apparaisse brusquement. Occupée à faire la vaisselle, elle essuie un verre tout en me regardant manger.

— On a discuté avec ton père pendant cette nuit.

— Ah oui ?

— On pense que ce serait plus raisonnable si tu revenais vivre chez nous un petit temps.

Sa proposition me touche, j'avale un morceau de mon croissant. Depuis que j'habite seule, je n'avais plus de problème à me transformer pour combattre le Papillon, c'était un des principaux avantages de quitter la boulangerie. Mais maintenant que les journalistes en ont après moi, il me faut un moyen de les éloigner pour rentrer au studio.

— Je sais que ça n'est pas facile de revenir chez ses parents alors que tu es indépendante, mais nous pourrons te protéger si ces gens viennent d'embêter.

— Ce n'est que temporaire, je vous le promets.

Elle sourit, heureuse de me voir de retour, elle dépose son verre et me prend dans ses bras.

Cécité [TOME 2]Where stories live. Discover now