Chapitre 2 | Marinette

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Perchée sur les cheminées de l'école des Mines, je convoite la mise en place du plan. Selon les mouvements du Déclencheur, il ne devrait plus tarder. En contrebas, éclairé par le mobilier urbain du Luxembourg, Yan se tient prêt, assis sur un banc, son téléphone en évidence. Il le brandit au-dessus de sa tête, grimace à la caméra en mode selfie et le bouge doucement jusqu'à le braquer sur moi. Lorsqu'il s'arrête et m'adresse un signe de la main, je comprends qu'il est en train de me filmer.

Gênée, je l'imite.

Soudain, les grilles du parc se disloquent. Yan se redresse brusquement, debout face à l'ombre du Déclencheur. Du coin de l'œil, je perçois un léger tremblement de ses jambes, trahissant sa peur. Mon sens de la coccinelle le surligne, puis le vilain, le téléphone et enfin, ma bouée. Malgré ses craintes, Yan s'avance vers le danger.

— Eh, Déclencheur ! Je peux vous prendre en photo ?

L'ancien assistant d'Adrien esquisse un autre pas, plus fébrile cette fois, mais il garde ses mains fermement accrochées à son portable, braqué sur le méchant. Ce dernier, fou de rage, s'élance à son encontre, prêt à en découdre.

C'est à mon tour d'entrer en action.

— C'est parfait ! J'arri — !

A l'instant où je lance mon yo-yo en direction de la jambe du Déclencheur pour le faire basculer, le fil s'enroule contre un obstacle inattendu : un bâton allongé creusé d'une patte verte. Par réflexe, je le tire et me retrouve projetée contre le sol, la tête la première. À même pas un mètre, je trouve mon partenaire, les quatre fers en l'air, son gadget s'emmêle dans le mien.

— Chat Noir ?

— Ladybug ! crie Yan alors que l'akumatisé prend le contrôle de son portable.

Je n'ai pas le temps de me relever qu'il finit flashé à son tour et se désintègre. Cela n'a duré qu'une fraction de seconde, je n'ai rien pu faire.

— Non !

Ma bouée restée sur le toit, je ne suis plus à portée du super-vilain, qui, comme tout à l'heure, cherche à s'éloigner de nous. Un peu trop tard à mon goût, le bâton se rétrécit et libère mon gadget. Chat Noir se relève et me tend sa griffe.

— Besoin d'un coup de papatte, ma Lady ?

Je l'ignore complètement. Hors de question de louper cette deuxième chance, pas après avoir foutu en l'air le plan de Yan. Sous l'effet de l'adrénaline, je récupère la bouée d'un coup de yo-yo et l'envoie se coincer sur les objectifs frontaux du Déclencheur. La surprise le ralentit, puis le cloue sur place pendant que je le saucissonne pour l'empêcher de partir. Il tombe en arrière, me laissant une marge suffisante pour m'occuper des appareils fixés sur sa tête et casser les verres un à un. Au bout du dernier, je pousse un soupir rassuré lorsqu'un papillon noir s'échappe de la lunette.

— Tu as fait assez de mal comme ça petit akuma, je te libère du mal !

Sans un regard pour mon partenaire, je déloge la bouée de la victime du Papillon et la jette dans les airs.

— Miraculous Ladybug !

L'objet se désintègre dans un faisceau de coccinelles, envahissant Paris. Tout rentre dans l'ordre, le monstre face à moi s'avère n'être qu'un jeune homme brun, grand et fin, visiblement sous le choc. Je m'accroupis à sa hauteur et lui propose ma main.

— C'est fini.

Il l'attrape, je l'aide à se relever. Son premier réflexe est de jeter un regard dans les environs, examiner les moindres recoins. Dans quel but ? Je ne parviens pas à le comprendre.

Cécité [TOME 2]Where stories live. Discover now