Chapitre 11

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La semaine est encore une fois passée à une vitesse stratosphérique. Je sens qu' Elisa est encore un peu inquiète et je me force à lui parler par message tous les jours pour la rassurer. Nous n'avons pas vraiment eu le temps de nous voir alors les sms sont les seuls moyens de prendre des nouvelles. J'ai l'impression que je me force un peu à lui parler et, malgré le fait que c'est ma première petite amie, je sais que ce n'est pas bon signe. Normalement tout devrait être naturel non ? Je devrais plutôt avoir envie de lui parler à chaque moment de la journée... Je ne sais pas trop quoi en penser. Ce matin c'est le jour du tutorat, ce qui me permettra de penser à autre chose. Malheureusement, cela fait déjà une heure que j'attends Venturini. Elle n'a jamais de retard et cela commence à m'inquiéter. Alors que je commençais à m'impatienter, je reçois un sms de sa part.

Bonjour, Alix, je suis désolée, panne de réveil. J'arrive dans vingt minutes, j'espère que tu es encore au lycée.

Bon, eh bien je suis sur place de toute façon alors je ne vais pas partir. Je ne vais pas manquer une si belle occasion de me moquer d'elle. Elle qui me rabâche sans cesse que je dois améliorer ma ponctualité... Je me permets donc de lui répondre, afin de la faire sourire et aussi pour justement me moquer un peu.

Bonjour, non je suis encore là mais j'espère que vous avez un cadeau pour vous faire pardonner.

Elle arrive finalement après les vingt minutes annoncées et nous commençons la séance. Après 1h30, nous sortons et elle me propose de manger un sandwich sachant qu'il est déjà bientôt midi. J'acquiesce et nous nous installons sur un banc près des quais. Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté ce repas, ça ne me ressemble pas de manger avec une prof, mais la voir devant moi, souriante, avec ses lunettes de soleil fixées sur le nez ont eu raison de moi.

- Je ne vous demande pas pourquoi vous étiez en retard. Déjà parce que ça ne me concerne pas, mais surtout parce qu'en voyant ces grosses lunettes fixées sur votre nez, je suppose que votre vendredi soir a été quelque peu...mouvementé, m'esclaffé-je.

Cela la rend tellement humaine et surtout jeune que je ne pouvais pas laisser passer cette occasion. On dirait une ado qui n'assume pas une cuite. Son visage rougissant à vue d'œil ne font qu'accentuer le fou rire que j'ai déjà. Voyant qu'elle ne change pas de couleur, je continue.

- Ne soyez pas honteuse, nous avons presque le même âge et je doute que votre vie se limite à faire cours à des adolescents boutonneux et ingrats !

Tout en changeant de sujet, j'ajoute.

- Ces sandwichs sont délicieux, j'ai hâte de sortir du lycée et de commencer mon école de photo rien que pour pouvoir me nourrir de ça tous les jours. Si mes potes et mon père savaient que je mangeais avec une prof... Ils ne me croiraient pas. Moi qui habituellement les déteste ...

Ma remarque la fait sourire, mais elle se tourne vers moi, les sourcils froncés.

- Pourquoi les détestes-tu justement ? Ils essaient de t'aider tu sais. Mais tu ne rends pas la tâche facile !

Encore une fois, elle a un ton mi réprobateur, mi bienveillant. De ce fait, comme toujours avec elle, je me livre assez facilement, sans même m'en rendre compte. Pour le coup c'est plutôt naturel.

- Parce qu'ils s'en contre-fichent du sort de leurs élèves, m'écrié-je, tout ce qu'ils veulent c'est leur pognon à la fin du mois. Certains le crient même haut et fort. Au collège, bizarrement, tous les profs m'adoraient. J'avais 18 de moyenne, tout était rose. Mais quand j'ai eu des difficultés suite à...

Vais-je vraiment parler de ce moment ? Ce moment dont je ne parle jamais sauf avec ma psy. Même avec Chloé nous n'en parlons pas. Elle connait toute l'histoire bien sûr, mais respecte le fait que je ne veuille pas en parler. Pourtant mon corps entier me dit de lui dire, de lui expliquer pourquoi je suis comme ça, ténébreuse et fermée au monde comme le dit si bien les personnes que je croise.

L'amour a ses raisons que la raison ignoreWhere stories live. Discover now