36| Patriarcat

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Nami : 22 ans

Les mains tremblantes, je peinais à ouvrir ma porte d'entrée de mon appartement de Kyushu. J'étais sensée passer pour récupérer mes médicaments mais au final, à force de faire traîner l'affaire j'avais fini par rater mon train. J'allais donc passer la nuit avec Keigo.

Je parvins enfin à insérer la clé dans la serrure et à entrer. A ma grande surprise, les lumières étaient allumées. Pourtant, Hawks ne devait terminer que dans une heure ou deux. Je déposais le seul sac à dos que j'avais rapporté de UA à l'entrée et m'aventurais dans le couloir.

Quelqu'un était assis sur le canapé et je ne mis pas longtemps à la reconnaître.

« Vous savez que c'est illégal d'entrer chez votre employé sans qu'il soit au courant. Et ce, malgré votre statut madame la présidente »

Je ne savais pas depuis combien de temps ma patronne attendait ici mais elle semblait bien préparée :
« Ne soyez pas stupide mademoiselle Hisuki et venez donc vous assoir avec moi.
- Bien sûr mais avant ça commençons pas les bonnes manières. Voulez vous boire quelque chose ? Un café ou un thé ?
- Un thé serait en effet bien bénéfique. »

J'activais la bouilloire tandis que je me posais de plus en plus de questions.

Une fois avoir tout préparé, j'apportais la tasse de thé vert à la femme et m'assis en face d'elle. Elle la porta à ses lèvres avant de me sourire :

« Alors, comment évolue la situation ?
- Disons qu'elle ne s'est pas détériorée. Mais je vous fait des rapports toutes les semaines pour ça.
- Il est vrai que tes... découvertes... Ne nous ont pas vraiment aidé. J'ai conscience que cela est compliqué pour toi de parler de ça à l'écrit alors je suis ici plutôt pour savoir comment avance ta... relation ?
- Je ne vois toujours pas en quoi cela va me permettre d'assurer mon infiltration.
- Tu es jeune... et tu peux être considérée comme innocente bien que je sais oh combien tu ne l'es pas... Les hommes aiment la domination et la puissance que leur procure leur genre. »

Mon malaise ne faisait qu'augmenter tandis qu'elle tentait de m'expliquer quelque chose que j'avais toujours mît à part dans ma vision de la vie.

« Lorsque quelqu'un devient assez fou pour tuer une autre personne l'ayant insatisfaite, cela montre un besoin de pouvoir. Et c'est ce même pouvoir qui, par la suite, sera menacé par l'activité des héros. Leur but sera donc de montrer à ces héros qu'ils sont bien plus puissants qu'eux. Et, lorsqu'ils y parviennent, un sentiment de confiance en eux les submerge... leur instinct va tout simplement leur dicter que se sont les plus forts...
- Jusque là je ne vois pas où vous voulez en venir...
- Pour parvenir à cet exploit, il existe deux choses qui rendent impuissant un héros. La première étant les blessures physiques qui peuvent être mortelles... mais la deuxième est sans doute la plus efficace puisque tout être dotée de conscience pourrait en subir les frais... peut-être commencez-vous à comprendre où je veux en venir ? »

Je lui fis savoir que ce n'était pas le cas.

« Une femme, Yunami, est un être qui, actuellement est considéré comme inférieure dans cette société patriarcale, facilement dominée, elle est dotée d'un corps magnifique aux diversités surprenantes. Les hommes, comme ton père par exemple, sont des êtres en recherche de pouvoir et d'invulnérabilités. Mais, contrairement à un serial killer, ils cherchent à conserver cette puissance envers une personne. Alors qu'est ce qui est plus vulnérable qu'une femme nue sur le point d'avoir un orgasme ? Je vous le demande Mademoiselle Hisuki. Un homme ayant une pensée misogyne ne pensera jamais qu'une personne du sexe opposé puisse simuler cela. Il est bien trop bon au lit selon lui. Après tout, nous sommes trop faibles pour eux. »

Plusieurs choses n'allaient pas dans ses paroles. Tout d'abords la société n'est plus comme elle la décrit, plus à ce point en tout ça, la preuve, elle ne serait pas président de la commission si c'était le cas. Deuxièmement, l'exemple de mon père est un cas extrême. Et troisièmement, Dabi n'est pas dupe, il sait très bien qu'il faut se méfier de moi systématiquement.

« Je ne suis pas sûr de la véracité de vos paroles... et je ne pense pas pouvoir arriver à cela...
- Vous y arriverez parce que c'est dans notre biologie. De nos jours, si nous prenions n'importe quelles femmes de plus de 30 ans dans la rue et que nous leur posions la question, je mettrais ma main à coupé que la totalité d'entre elles nous répondraient qu'elles ont déjà simulé un orgasme pour le simple plaisir de leur partenaire.
- Malheureusement je ne serais pas de la même génération que ces femmes. J'ai l'impression de ne pas vivre dans le même monde que vous, pourtant je peux vous assurer que je ne suis pas aveugle. 
- Permets moi d'en douter. »

Sa marque de respect envers moi venait de tomber. Elle m'avait toujours considérée comme une gamine qu'elle ne prenait même pas la peine de vouvoyer, j'avais donc été étonnée qu'elle le fasses tout le long de notre conversation.

« Ne me fait pas croire que tu n'as jamais fait ça  Yunami. Cela ne t'es jamais venu à l'idée de simuler face à Hawks ? De te dire que si tu le faisais il t'aimerais plus ? Nous sommes toutes pareilles Yunami. Entre femmes, on se comprend.»

Et pourtant, cela ne m'étais jamais arrivée. Pas seulement parce que nous ne faisions quasiment jamais l'amour avec mon petit ami mais aussi parce que Keigo veille toujours à ce que je sois à l'aise avec lui. Je respirais à peine face à cette conversation intime que je tenais avec ma patronne. Elle semblait avoir compris que je ne cochais pas cette case car elle ajouta :

« Et si ce n'était pas avec Hawks alors peut être avec un autre homme ? As-tu voulu peut-être le faire croire à un client de ton père ou même à lui même pour en finir plus rapidement ? »

Je me levai subitement et lui arrachai la tasse des mains avant de la jetai contre le mur où elle éclata :
« Vous allez beaucoup trop loin. Aucun droit ne vous est donné pour me poser ce genre de question. Par ailleurs, je ne vois pas comment vous avez pu savoir tout cela en toute légalité. »

Elle me sourit :
« La commission sait tout sur toi Yunami. Même les détails les plus intimes. C'est ce pourquoi tu as signé en travaillant avec Hawks. J'étais simplement là pour te faire comprendre que ce n'était pas de simples baisais ou encore de petits préliminaires qui allaient te permettre de gagner la confiance de ce vilain. »

Mon souffle se coupa. Comment pouvait-elle être au courant de ça ? C'était il y a à peine 3 heures.

« En te souhaitant une bonne journée et en espérant que mes paroles t'aient aidé à appréhender mieux ta mission... »

Elle était repartie.

Toujours sous le choc, la première chose qui me vînt à l'esprit fut qu'il ne fallait pas que Hawks le sache. Il serait capable de démissionné, et cela le mettrait en danger tout comme avec Lady Nagant il y a quelques années.

J'attrapais alors de quoi nettoyer le thé renversé me demandant en même temps si j'étais observée. Que ce soit par la commission...ou par l'alliance...

Ce fut le début de la psychose...




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La vague du Tsunami : tome 2 Where stories live. Discover now