Râle et sang

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Dillion était de plus en plus faible à mesure que les jours, puis les semaines passaient. Il n'avait droit qu'à un repas par jour, le matin. C'était toujours la même chose : du gruau. Il avait compris qu'il resterait dans cette chambre sombre, attaché dans un coin, avec pour simple couchette un petit matelas. Il était effrayé de ce qui l'attendait et alors qu'il remarqua les premières neiges, il se rendit compte aussi que sa peau était devenu plus épaisse, avec des croûtes de plus en plus sur son visage, sur ses mains et ses pieds.

Lord Voldemort analysait chaque semaine l'évolution de la maladie qui touchait le corps du garçon silencieux, le fixant avec haine, les poings serrés. Ils ne se parlaient pas.

Et puis, alors que la neige était remplacée par de la pluie, Dillion entendit énormément de bruit dans le reste de la maison. Il avait bien compris qu'il était au manoir Malfoy. Il avait espéré que quelqu'un arrive et le sauve mais il était après six mois, toujours attaché à ce mur, faible et triste. Le désespoir avait fait sa place dans son esprit alors que son visage n'était presque plus celui d'un être humain. Ses muscles étaient souvent endoloris, et même bouger pour manger était un supplice.

Une activité intense s'était installé dans le manoir et un soir, deux hommes traînèrent le pauvre garçon hors de la chambre, jusqu'à une grande salle où sur une table en marbre, comme un tombeau, un enfant avait été attaché. Il pleurait et criait dans une langue étrangère. Ses yeux étaient bridés et Dillion devina des origines asiatiques chez ce garçon d'une dizaine d'années qui allait mourrir de la pire des manières. Dillion fut allongé à côté de cet enfant qui hurla de peur en le voyant.

Incapable de bouger, Dillion se retrouva sur le côté, des larmes aux yeux, coulant sur son visage devenu affreux, brûlant alors sa peau qui tombait en lambeaux.

— Amenez le Détracqueur, ordonna Voldemort en s'approchant des deux enfants.

Il colla alors une étrange plante devant la bouche difforme de Dillion qui écarquilla des yeux en sentant le froid, puis en entendant le terrible râle.

Voldemort eut un rictus satisfait et recula. Le deuxième garçon hurla de plus belle alors que la créature mangeuse d'âme se jetait sur lui. Dillion ferma les yeux. Il sentit quelqu'un tentait de forcer ses paupières, puis il abandonna et rouvrit les yeux pour les fixer dans deux pupilles complètement vide, d'un enfant dont le seul crime était d'être né un 31 juillet, comme lui.

— La potion ! Clama la voix de Voldemort. Dépêche toi !

— Oui, maître ! Répondit Dolohov.

On appliqua quelque chose sur le haut de ses paupières et Dillion comprit qu'il ne pouvait plus fermer les yeux, et ne pouvait voir alors que ces pupilles vide d'un enfant de dix ans.

Voldemort toucha du bout de sa baguette magique la tempe de Dillion qui eut un frisson.

Des milliers d'images brouillèrent alors sa vue. C'était très étrange. Il voyait le visage d'un jeune garçon de treize ans, au visage ravagé, avec le nez presque inexistant, la bouche de travers, et puis... le visage de personne remplaçait un moment l'horreur pour disparaître lentement. Des voix résonnaient autour de lui, et petit à petit, il n'arrivait plus savoir qui parlait.

Il était dans son petit placard, du scotch sur la bouche. Il était si petit, et effrayé. Il ne devait pas faire le moindre bruit, mais une araignée avait décidé de venir l'embêter. Il réussit à l'écraser et gémit alors en entendant la voix de son oncle, fébrile.

— Ce n'est rien ! Ça doit venir de dehors.

Il tremblait sur son minuscule matelas, au fond de ce placard. Il fut alors surpris qu'on ouvre la porte.

Une Âme dans les TénèbresWhere stories live. Discover now