Une Âme dans les Ténèbres

Le premier cadeau

Deux semaines avant la fin du trimestre, une clarté d'un blanc d'opale dissipa l'obscurité du ciel et un beau matin, le sol boueux se couvrit d'un givre étincelant. L'atmosphère qui régnait à l'intérieur du château annonçait Noël. Le professeur Flitwick, qui enseignait les sortilèges, avait déjà décoré sa classe de petites fées scintillantes comme des chandelles et les élèves parlaient d'un air ravi de leurs projets pour les vacances. Les Selwyn rentraient chez eux, impatient de parler de leurs premiers mois à Poudlard avec leurs parents. Les Malfoy partaient aussi, et Lianna ne cachait pas son impatience. La majorité des élèves voulaient surtout s'éloigner des Détracqueurs, se rappelant du match de Quidditch entre Poufsoufle et Gryffondor. Très vite, la liste de ceux qui restaient fut établie. À Serpentard, seul deux élèves restaient : Dolohov et Dillion.

Le matin du premier jour, Dillion fut très surpris de voir la salle commune vide. Elle paraissait alors encore plus grande. Il se dirigea vers une fenêtre et observa par une des hautes fenêtres qui offraient une incroyable vue dans les profondeurs du lac.

- Ah..., dit une voix. C'est vrai... tu es là aussi...

Dillion se retourna vivement et serra ses poings alors que Dolohov s'approchait.

- Ça va petit cogneur, dit-il avec un petit rire, je vais rien te faire.

Dolohov croisa ses bras, l'air pensif.

- En fait... j'avoue que tu as plutôt fait bonne impression. J'ai dit à Rockwood et Montague de garder un œil sur toi... On m'a dit que tu arrivais quand même à faire de la magie alors que tu es muet. Tu es né comme ça ?

Dillion ne bougea pas. Ça ne regardait pas ce garçon.

- Hmm... Je vois... J'imagine que même si tu n'étais pas muet, tu ne serais pas un grand bavard, toi... Plutôt l'action aux belles paroles, hein ?

Dolohov leva ses yeux vers la fenêtre.

- Mon père est comme ça... enfin... était... J'imagine que après douze ans à Azkaban... il doit être un peu ramolli... Ma mère est si aigrie depuis...

Dillion fronça des sourcils.

- Ouais, murmura Dolohov avec un petit rictus, mon père est dans cette prison... Il se battait au côté du Seigneur des Ténèbres. J'étais qu'un gosse mais... je me souviens de son arrestation...

Il soupira tristement.

- J'espère que... que mon parrain a raison sur toi, Dillion Evans... Et si c'est le cas... ça expliquerait ton sang froid avec la couleuvre. La prochaine fois... ne la jette pas... Je ne pouvais pas laisser passer ça.

Dillion serra sa mâchoire. Il n'oubliait pas ce que Dolohov avait pensé lui faire et il eut un frisson. Il n'y aurait personne pour l'aider si Dolohov décidait de passer à l'action et lui faire encore plus de mal.

- Normalement, on t'aurait enfermé jusqu'à midi dans ta malle... mais bon... tu nous as plutôt mis à mal donc...

Dolohov tendit sa main.

- Tu en as dans le froc, Evans, dit-il. Et je suis sûr que tu seras un sacré sorcier. Le Seigneur des Ténèbres n'a pas laissé en vie ta mère pour rien. Même si tu étais encore qu'à l'état de larve dans son ventre, il a sentit que tu serais un bon sorcier. Tu... tu fais oublier ce que ta mère était. Je te pris... de me pardonner.

Dillion refusa d'un signe de tête et Dolohov pouffa de rire.

- Je comprends. Et ça ne m'étonne pas de toi. Bon... Je vais manger. Passes de bonnes vacances, Evans.

Dillion se retrouva seul, un peu perdu et confus. Qu'avait pu dire ce parrain à Dolohov pour que ce dernier présente des excuses ? En tout cas, Dillion n'était pas prêt à lui pardonner. Il avait été trop longtemps à l'infirmerie. Peut-être que s'il n'avait pas été si mal en point après cette nuit là, il aurait fait un effort. Dillion n'avait jamais pardonné à ceux qui s'en était pris à lui, ou s'était moqué.