— Je viens également, déclare Florence un peu en retard, même si personne ne lui avait proposé.

Je lui jette un regard agacé.

— Tu ne peux certainement pas venir, je lui dis. Tu n'es pas une louve.

Elle gonfle ses joues avec indignation.

— Et eux, alors ? demande-t-elle en désignant Joséphine et les autres.

Puis elle remarque qu'Éric a retiré sa perruque, sa chemise bariolée et s'attaque à présent à son pantalon gonflant avec l'habileté d'un strip-teaseur (il s'abstient par contre de faire tournoyer ses différents vêtements pour les envoyer sur la foule en délire comme cela se fait dans les spectacles de ce genre). Il garde en revanche son maquillage de clown et je me demande s'il s'affichera sur son museau de loup. Ça serait plutôt rigolo.

Un instant bouche bée, Florence ouvre de grands yeux en comprenant soudain.

— Vous êtes comme Théo ! Des loups-garous !

Personne ne prend la peine de lui répondre ni (heureusement) de me jeter un regard noir parce que ma cousine est au courant de notre petit secret.

Pouf ! Éric est le premier à se transformer. Florence le reconnaît aussitôt.

— Oh là là ! s'exclame-t-elle. Tu es Patapouf !

Je me racle la gorge.

— Hum... Il se nomme Éric, en réalité. Mais tu peux l'appeler Patapouf, si tu préfères.

Éric nous lance un tel regard que ma cousine s'empresse de dire :

— Éric me va très bien. Et je viens avec vous.

Ce qui est sans doute plus prudent de sa part, quoique moins amusant.

Je me donne une gifle mentale. Le moment n'est pas à la plaisanterie. Martin est sans doute en danger ! Je devrais me concentrer sur cet unique fait.

— Non, tu ne viens pas, je déclare distraitement en espérant que ma cousine va avoir le bon goût de cesser de me faire perdre du temps.

Florence me regarde en plissant les yeux.

— Si tu ne me laisses pas venir, je déballerai toute la vérité à tes parents.

Je pousse un long soupir.

— Très bien, je me résigne, cessant de vouloir me battre contre une personne aussi têtue. Tu pourras monter sur mon dos quand je serai transformé.

Florence me toise, apparemment aussi peu emballée que moi par cette perspective. Il est vrai que je ne suis pas le loup le plus grand du lot et que ses pieds risqueraient de traîner par terre.

— Je vais plutôt prendre le vélo de ton père, décide-t-elle.

— Tu risques de ne pas aller aussi vite que nous, la prévient Émile.

Elle le fusille du regard.

— Je pédalle très vite.

J'agite un doigt menaçant dans sa direction.

— OK. Mais nous ne t'attendons pas si tu traînes trop. Et tu t'occuperas de prendre nos vêtements et de mes armes.

Sur ce, je me détourne d'elle pour commencer à me déshabiller moi aussi. Pour une fois, Florence consent à faire ce que je lui ai dit, car elle est de retour avec le VTT de Papa le temps que nous nous transformions tous.

Nous nous mettons en route sans plus tarder. Il fait nuit et j'ose espérer qu'aucun habitant humain n'est en train de regarder par sa fenêtre au moment où une petite meute de loups cavale à travers la ville, suivie par une plante mutante à vélo. Oh, et pour information, le maquillage d'Éric est caché par ses poils, malheureusement (même s'il n'est toujours pas l'heure de plaisanter).

Le loup et moi 2 [terminée]Место, где живут истории. Откройте их для себя