Chapitre 12

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Le lendemain matin, je me réveille d'un seul coup, plein d'énergie. Je reste une seconde ou deux étendu sur mon lit, les yeux grands ouverts, avant de me lever d'un bond.

Martin revient aujourd'hui. Aujourd'hui !

J'enfile des vêtements propres en fredonnant après une douche éclair et je descends l'escalier quatre à quatre. Je suis suivi par Pruneau qui bâille à qui mieux mieux en tirant sa longue langue. Il s'empresse cependant de me dépasser lorsque j'arrive à la cuisine pour aller saluer mes parents le premier. J'entre donc dans la pièce le deuxième.

— Déjà debout ? Et ta sacro-sainte grasse matinée, lapin ? s'étonne Maman en me voyant débarquer comme une fleur.

Je jette un coup d'œil à l'heure affichée sur le four.

— Eh bien quoi, il est huit heures ? Je me lève beaucoup plus tôt en semaine.

Elle échange un regard entendu avec mon père et s'approche de moi pour m'examiner avec suspicion.

— Tu es sûr que tu dors assez, chéri ? Tu as de grosses cernes. À ton âge, il ne faut pas faire n'importe quoi. Et Pruneau doit se coucher tôt, lui aussi. J'ai lu dans Toutous magazine que les chiots ont besoin de vingt heures de sommeil.

Je roule des yeux. Bien sûr, ma mère se fait plus de souci pour notre chien que pour moi. Et depuis quand lit-elle ce Toutous magazine ?

— Ne t'inquiète pas pour Pruneau, je soupire. Il passe ses journées à faire la sieste. Quand il n'est pas occupé à sauter dans tous les sens ou à manger.

La seule personne qui le bat pour le moment à ce petit jeu est Ernest. Hier soir, je l'ai posé sur le bout de mon lit et je l'ai regardé roupiller un moment. Il n'a pas ouvert les yeux une seule fois. Je voyais sa fourrure se gonfler et se dégonfler à chacune de ses inspirations et expiration. J'ai trouvé cela extrêmement relaxant. Rien que pour ça, cela valait certainement la peine d'avoir sauvé cette pauvre bête des griffes des Raspail.

Je me sors un bol et du lait.

— Je vais chercher Martin à la gare avec son frère, j'explique à mes parents en engouffrant les céréales le plus vite possible dans ma bouche car je ne suis pas en avance. Puis nous passerons la journée ensemble.

— Ne le monopolise pas non plus, mon grand, me sermonne Papa. Sa famille aura sans doute aussi envie de le voir.

Je fronce les sourcils. Le monopoliser ? Martin est à moi. J'en fait ce que je veux. Ses parents ont eu 18 ans pour profiter de leur fils. C'est à mon tour de le faire.

Mon appétit diminue d'un seul coup. Parfois, je trouve que mes parents ne prennent pas assez au sérieux ma relation avec Martin. Pour eux, il ne s’agit que d’une amourette de lycée qui ne sera pas forcément amenée à durer. Il est vrai qu’ils ne sont pas au courant de cette histoire d’âme sœur, contrairement à la famille de l’alpha.
Je sais pour ma part que Martin et moi, c'est pour la vie. Enfin, sauf s'il préfère finalement se mettre en couple avec une personne moins hystérique que moi, comme sa coloc…

Une brusque angoisse me tord les boyaux. Je sais que je suis atteint d'hystérie depuis l'année dernière. Cela m'amène parfois à avoir des réactions bizarres ou ridicules. J'essaie de combattre ces pulsions, mais ce n'est pas si évident. Je suppose que cela ne doit pas être toujours facile à vivre pour Martin.

Je pousse ma chaise pour me lever.

— Bon bon, je grommelle en essayant de cacher mon début de panique. Je vais y aller. Nous viendrons peut-être dîner avec Martin.

Ma mère hausse un sourcil.

— Et quand feras-tu tes devoirs ?

Je lui jette un regard agacé.

Le loup et moi 2 [terminée]Kde žijí příběhy. Začni objevovat