Chapitre 15

2.2K 300 97
                                    


Je déroule un immense sweatshirt suffisamment long pour me servir de robe, ainsi qu'un jogging de plusieurs tailles trop grandes pour moi.

— J'ai encore un cours, je fais remarquer timidement en enfilant le tout après avoir retiré la veste.

Ce faisant, je fronce le nez tant le tissu est imprégné de l'odeur de l'alpha qui est très loin d'égaler celle de Martin, bien au contraire. Celle de mon petit ami me donne l'impression d'être en sécurité et non d'avoir envie de fuir à toute jambes pour aller prendre une douche.

Le jogging se révèle tout aussi disproportionné que le sweatshirt. Je serre le cordon autant que possible pour éviter de me retrouver soudain le derrière à l'air, ce qui pourrait être gênant.

L'alpha hausse les épaules en réaction à ma faible protestation.

— Peu importe. Tu as besoin de te calmer un peu. Il serait préférable que tu évites de te transformer au beau milieu d'une salle de classe.

— Je n'avais pas l'intention de le faire, j'assure, un peu vexé.

Même s'il est vrai que je ne suis pas certain de pouvoir m'en empêcher... J'accepte donc de suivre Éric à travers le couloir après un moment passé à récupérer les morceaux de ce qui avait été mes habits peu de temps auparavant pour les fourrer dans une poubelle.

Je rumine tout au long du chemin. J'ai passé seize ans trois quart de ma vie exclusivement sous ma forme humaine. Puis, lorsque j'ai eu vent de ma nature, je me suis retrouvé incapable pendant un long moment de devenir un loup, y compris lorsqu'il aurait été fort justicieux que je le fasse, comme pour sauver ma vie devant la meute Raspail qui m'accusait (non sans raison) d'être en partie humain. Et maintenant...

Ce n'est pas non plus comme si j'avais demandé à être un demi loup-garou ! Beaucoup de personnes rêvent d'être originales ou d'avoir des supers pouvoirs. Moi, j'aurais été très heureux de me contenter d'être un humain tout ce qu'il y a de plus normal, avec un petit ami comme les autres sans ambition de vouloir étudier le cinéma à Lyon.

La cloche se met à sonner au moment où nous atteignons la cour intérieure pour annoncer que je devrais être en cours de mathématiques. Au lieu de cela, je file vers la sortie en tenant mon pantalon d'une main.

Avant d'habiter à Gardelune, je n'avais encore jamais séché les cours. Je n'étais pas un élève modèle, certes, mais je faisais preuve d'un certain sérieux. J'ai fait l'école buissonnière l'année dernière pour la première fois, généralement parce que j'étais kidnappé, mais jamais en partant de l'intérieur même du lycée. Je m'étais imaginé qu'il nous faudrait avancer cachés et escalader des grilles pourvues de barbelés destinées à empêcher ce genre d'évasion. En réalité, il nous suffit de sortir par la porte principale sans que personne ne vienne vérifier notre carnet de liaison, ce qui me paraît un peu trop simple. Personne ne nous poursuit cependant dans la rue et nous arrivons devant ma maison sans nouveaux ennuis.

Je sors mes clefs et me tourne vers Éric avec qui je n'ai pas échangé le moindre mot depuis notre sortie des toilettes.

— Tu veux entrer ? je propose de mauvaise grâce.

Je lui dois bien, cela, je suppose, même si j'espère secrètement qu'il refusera.

Bien sûr, il ne refuse pas, trop heureux de pouvoir mettre le nez dans ma vie privée, en bon alpha et en bon grand frère qu'il s'imagine être.

C'est le jour de fermeture de la bibliothèque. Maman est heureusement partie faire des courses toute la journée.

Tout content d'avoir de la visite si tôt dans la journée, Pruneau trottine vers nous et vient lécher la main d'Eric. Il va jusqu'à se rouler sur le dos pour laisser l'alpha lui caresser le ventre. J'en suis un peu piqué. J'avais espéré qu'il montrerait une certaine hostilité à Éric, comme moi. Mais, apparemment, le chiot ignore tout des relations tendues entre les Imbert et les Raspail. Pour lui, un loup est un loup.

Le loup et moi 2 [terminée]Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon