Chapitre 45

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Je me fige.

— Hein ?

Florence agite le portable sous mon nez, ce qui a pour effet de rendre son écran complètement flou.

— Réfléchis un peu, idiot ! Comment cette fille pourrait-elle avoir exactement la même tête plus de cinquante ans plus tôt ? Parce qu'elle ne vieillit pas ! L'auteur du manuscrit que tu adores citer ne dit-il pas que les vampires sont immortels tant qu'ils boivent du sang ?

Ma tête se met à tourner.

— Mais... mais... Et l'eau bénite ? Il ne s'est rien passé lorsque je lui ai balancé de l'eau bénite... Il y avait pourtant de l'ail dedans...

En même temps, la fille de la photographie est exactement comme Fleur et porte le même prénom. Il pourrait certes s'agir d'un photomontage. Mais quel serait l'intérêt de faire une blague pareille ?

Une horrible réflexion traverse alors mon esprit. Nous sommes le soir de l'équinoxe. C'est-à-dire le jour de l'année où se déchaînent les vampires. Et l'amour de ma vie inconscient de ce danger se trouve en ce moment même seul avec l'une de ces créatures assoiffées ! Enfin seul avec les autres passagers du TGV.

Mon premier réflexe est bien entendu de téléphoner à Martin. Je presse mon portable contre mon oreille, terrifié. La sonnerie retentit dans le vide et je suis renvoyé sur le répondeur. Je recommence aussitôt sans plus de résultat. Je tombe à nouveau sur la messagerie.

— Martin, rappelle-moi ! je m'exclame dans l'appareil avant de raccrocher.

Le dernier SMS que l'alpha m'a envoyé date d'il y a trois heures, lorsqu'il m'annonçait qu'ils montaient dans le TGV. Il n'a plus rien écrit depuis, ce qui ne lui ressemble pas.

— Théo, demande timidement Emile qui n'a rien compris de l'échange qui vient de se dérouler. Que se passe-t-il ?

Je me tourne vers lui. Il paraît perplexe, tout comme Éric. Joséphine l'est peut-être aussi, mais c'est impossible de le déterminer puisque son visage est toujours couvert par un drap.

— Il se passe que Martin est menacé par une vampire ! je crie presque, au bord de l'hystérie.

Éric soupire.

— Théo... Pour cette histoire de vampires... Ils n'existent pas.

À ma grande surprise, Florence prend ma défense :

— Les vampires existent bien, espèce de naze. L'un d'entre eux m'a attaquée. Regarde.

Elle retrousse ses manches et lui met la cicatrice qu'elle garde de sa morsure juste sous le nez.

Mon demi-frère sursaute. Sans doute plus parce qu'il a été traité de naze que d'avoir la confirmation de l'existence des vampires.

Je pianote de plus belle sur mon portable dans l'idée d'appeler Mme Jean et lui demander de l'aide. Je me ravise cependant avant d'appuyer sur les contacts. Ma mère biologique s'est chargée de faire des rondes pour protéger les habitants de Gardelune. Si elle vient avec nous, plus personne ne surveillera la ville. Tant pis. Je me débrouillerai seul. Je me suis suffisamment entraîné pour cela.

— Je pars pour la gare, je déclare donc dans l'idée de me mettre en route sur le champ.

Sous ma forme de loup, je devrais arriver en même temps que le train. Cela me permettra d'intercepter aussitôt Martin pour le sauver de sa coloc. Si toutefois il est toujours... toujours...

La panique envahit mon cerveau et m'empêche de poursuivre ma réflexion plus loin.

— Je t'accompagne, disent aussitôt Joséphine, Émile et même Éric d'une seule voix.

Le loup et moi 2 [terminée]Where stories live. Discover now