Chapitre 43

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Joséphine me tombe dessus au début de la semaine suivante.

— Tu n'as pas oublié que tu nous aides pour les décorations, hein ? me presse-t-elle. On a prévu de les installer la veille du bal, soit jeudi après les cours.

Je soupire intérieurement.

— Non je n'ai pas oublié.

Et ce d'autant plus que, juste après, Mme Jean et moi-même avons l'intention de balancer de l'eau bénite un peu partout. Je préfère ne pas en parler à Joséphine, même si elle est la seule à accepter de croire aux vampires, parce que je n'ai pas envie de l'inquiéter. Si ça se trouve, l'auteur du manuscrit se trompe complètement et les vampires resteront tranquilles vendredi soir. On peut toujours rêver. Je suis censé vivre dans la réalité, pas dans un film d'horreur. Dans la réalité, on peut aller à un bal sans avoir à emporter des pieux aiguisés avec soi.

— Bien, répond simplement Joséphine avant de repartir en courant presque.

L'organisation du bal semble la mettre dans tous ses états. Où est passée la gentille oméga qui répand la paix et la bonne humeur ? Elle a peut-être disparu le jour où elle a accepté un rencart avec Eric Raspail.

Le jeudi en fin d'après-midi, je me retrouve donc contraint et forcé dans le gymnase du lycée qui, sans surprise, doit servir de salle de bal le temps d'un soir. Le lieu n'est pas des plus romantiques qui soit et j'y ai vécu un certains nombres de moments désagréables (vous imaginez bien qu'une personne comme moi totalement dépourvue de coordination n'est pas un dieu du stade. Ou du gymnase, dans le cas présent).

Joséphine me remet dès mon arrivée un énorme paquet de ballons de baudruche. Je n'ai jamais su gonfler des ballons avec la bouche. Je ne dois pas avoir assez de souffle pour cela. Mon amie a heureusement prévu une pompe qui s'actionne avec le bras. Pendant que je commence ma corvée, elle va donner d'autres ordres à Emile qui a été embrigadé comme moi. Mon voisin et moi échangeons - discrètement - des regards de martyrs. Nous nous mettons cependant au travail sans protester.

Émile - qui est le plus grand d'entre nous - se retrouve juché au sommet d'un escabeau pour attacher les décorations que Joséphine lui tend, pendant que je commence à actionner ma pompe.

Pfui pfui pfui pfui.

Les ballons s'accumulent autour de moi. Je les gonfle sans y penser, l'esprit ailleurs. Je songe aux vampires et à l'équinoxe. Je songe à Martin. Je songe à sa colloc qu'il semble tant apprécier, au point de l'inviter à dormir chez lui...

— Ça va ? me demande soudain Joséphine qui a retrouvé un peu de sa douceur. Tu as l'air un peu... stressé. Il s'est passé quelque chose avec Martin ?

Pfui pfui pfui.

Je pousse un profond soupir en nouant le nœud du ballon que je viens de gonfler.

— Je ne sais pas trop, je dis. On s'est un peu disputés, l'autre jour.

Joséphine me jette un regard en coin.

— Toujours à cause de cette colloc vampire ?

J'attrape un nouveau morceau de baudruche en sentant mes joues chauffer.

— Hum... Il se trouve qu'elle n'est pas une vampire, finalement... Mais Martin veut l'inviter à Gardelune. Ils arrivent ensuite demain. Le soir du bal pendant lequel il est supposé être mon cavalier, quoi.

Pfui pfui.

Mon amie secoue la tête.

— Tu te fais vraiment du souci pour rien, tu sais ? Martin est fou amoureux de toi. Il ne doit même pas voir quel est le problème avec cette Fleur tant tu l'aveugles.

Le loup et moi 2 [terminée]Where stories live. Discover now