Chapitre 7

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Lorsque je rentre, mes parents sont tranquillement installés sur le canapé. Pruneau court s'allonger sur eux, apparemment remis de ses émotions. Ils regardent pour changer New-York unité spéciale. Je me demande s'il reste des épisodes qu'ils n'ont pas encore vus. Une bonne odeur de poulet au four s'échappe de la cuisine et mon ventre se met à gargouiller.

— Tout va bien, lapin ? me demande ma mère en souriant. Ta rentrée s'est bien passée ? Tu as un bon emploi du temps ?

Elle caresse la tête du chiot qui s'applique en retour à lui lécher la main en prenant garde à ne pas laisser sec un seul millimètre carré de sa peau.

— Hum hum, je réponds. Ça va. Je n'ai pas cours le samedi matin.

Parfois, j'aimerais bien pouvoir confier mes problèmes à mes parents. Oh, bien sûr, je peux leur en parler de quelques-uns, mais pas de ceux concernant ma vie surnaturelle et ce sont eux qui se révèlent les plus gênants. Et même si j'en avais le droit, je doute que Papa ou Maman puissent me donner des conseils sur la meilleure façon de se débarrasser d'un vampire.

Je monte dans ma chambre en ruminant. Je ne comprends pas pourquoi Émile refuse obstinément de me croire. Si les loups-garous existent, pourquoi est-ce que cela ne pourrait pas être le cas des vampires ? Et des sorcières ? Et des démons ? Et des sirènes, même ! Vous imaginez ? La mer grouille peut-être de sirènes !

Quand j'étais petit, ma cousine Florence m'avait un jour fait croire qu'un ogre habitait sous mon sommier et pouvait m'attraper par les chevilles si je m'approchais trop près, m'entraîner et me dévorer tout cru avec les vêtements. Du coup, je sautais toujours le plus loin possible à chaque fois que je devais monter ou descendre de mon lit, jusqu'à ce que mon père le soulève pour me prouver qu'il n'y avait rien en-dessous, sauf quelques moutons de poussière inoffensifs. Papa m'avait persuadé, ce jour-là, que les créatures surnaturelles n'existaient pas. Je suis restée dans cette conviction jusqu'à ce que j'apprenne que j'étais moi-même l'une de ces créatures surnaturelles imaginaires.

Cela dit, je ne pense pas que le coup de l'ogre soit vrai. Ou alors il faudrait qu'il soit très plat pour pouvoir tenir entre mon sommier et le parquet.

Mes yeux se tournent irrésistiblement vers mon lit et je dois lutter contre l'envie d'aller voir ce qui se trouve en-dessous. Je ne vais tout de même pas commencer à croire aux bêtises de ma cousine Florence !

Je passe tout le dîner à regarder par la fenêtre, m'attendant à voir soudain le visage blafard de la créature s'y presser, comme dans les films d'horreur. Ma vie paraît avoir été projetée dans une histoire de ce genre depuis mon arrivée à Gardelune.

— Tu n'as pas faim, Théo chéri ? s'inquiète ma mère. Tu n'as repris qu'une seule fois du poulet...

— Hum... Si si...

— Ce sont les tourments de l'amour, affirme mon père d'un air de connaisseur.

Je me renfrogne.

— N'importe quoi !

D'ailleurs, je n'ai presque pas pensé à Martin aujourd'hui. Enfin, disons pas en permanence, en tout cas.

Après le dessert, je retourne m'enfermer dans ma chambre, m'allonge sur mon lit et contemple le plafond. Je n'ai même pas encore de devoirs à faire pour m'occuper l'esprit. Mes professeurs de la journée se sont contentés de faire des discours et de nous obliger à remplir des questionnaires incluant notamment ce que nous voulions faire l'année prochaine. Pour ne pas avoir l'air de l'idiot qui ne sait pas ce qu'il veut, j'ai marqué : "études de droit". Ma mère m'avait un jour dit que c'était ce que faisaient les personnes qui n'avaient pas d'idées particulières, parce qu'on trouve facilement du travail après.

Le loup et moi 2 [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant