Chapitre 27

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Le lundi matin, j'ai le plaisir d'être réveillé par un oreiller balancé en pleine figure, ce qui est bien sûr l'une des meilleures façons au monde d'être tiré d'un juste sommeil réparateur. J'ouvre un œil…et je réprime un hurlement en me trouvant soudain face à une espèce de grosse plante verte de forme humanoïde penchée vers moi.

Ah, non, c'est juste mon abominable cousine Florence. Au moins, je ne me suis pas transformé en loup pendant la nuit. C'est toujours cela. Peut-être est-ce parce qu’on dort très mal sur ce lit de camp dur comme une planche de bois. Je suis encore outré d’avoir dû céder mon bon petit matelas bien douillet.

— Debout debout, cousin, chantonne l'envahisseuse. Une belle et studieuse journée de cours t'attend.

Je la foudroie du regard en repoussant ma couverture. Enfin, techniquement, c'est Florence qui dispose de ma belle couverture toute douce. Moi on m'a refilé un vieux machin qui gratte et sent la poussière.

— C'est ça, je grogne, de mauvais poil. Pendant que toi tu vas rester à la maison à glander.

Elle secoue la tête, ce qui envoie les espèces d'algues qui recouvrent son crâne valser dans tous les sens.

— Pas du tout. J'ai l'intention d'aller faire une grande balade dans le village.

Je me mets à ricaner.

— Elle sera vite finie, ta "grande balade".

— Puis ta mère et moi allons faire le marché, continue-t-elle comme si je n'avais rien dit.

— Trop cool.

Je mets une jambe hors du lit pendant que Florence me toise.

— Tu ferais mieux de te dépêcher, de ton côté. Tes parents m'ont dit que tu filais un mauvais coton. Compte sur moi pour te remettre sur le droit chemin.

Je m'empêtre dans mon drap et manque me casser la figure et d'écraser le chat Croquette qui rôdait dans le coin à la recherche d'un quelconque méfait à accomplir.

— Je ne file aucun mauvais coton ! Je m'égosille. Et je te remercie de ne pas te mêler de ma vie privée. Et surveille ton animal !

Et sur ces bonnes paroles, je vais m'enfermer dans la salle de bain en claquant la porte.

J’arrive au lycée en vibrant de mes bonnes résolutions. Je vais travailler comme un fou. Je vais faire tant de progrès en philosophie que je deviendrai le chouchou de la prof, vous verrez. Quant à mon devoir de physique, j'obtiendrai la meilleure note de toute la classe et mes parents seront bien obligés de me féliciter et de s'excuser platement d'avoir douté de moi et ils jetteront Florence et son chat à la porte (ce qui sera bien fait).

Je tombe sur Joséphine et Émile.

— Tu as passé un bon week-end ? me demande la première.

Elle me jette un regard appuyé et je sais très bien qu'elle s'interroge au sujet de mon action contre la coloc supposée vampire. Mais nous ne pouvons pas en parler devant Émile qui persiste à nier l'existence des autres créatures surnaturelles. Et heureusement qu'il est là, car je ressens une bouffée de honte en repensant à ce qui s'est passé le week-end dernier. Je ne suis pas certain d'avoir envie d'en discuter avec qui que ce soit. Le mieux est sans doute de tout oublier et d’essayer de me persuader moi-même que tout cela n’a jamais eu lieu.

Je passe la matinée à écouter religieusement tout ce que disent mes professeurs et à prendre tant de notes que j'ai les doigts pleins d'encre et une crampe au poignet.

Au moment du déjeuner, Joséphine, Émile et moi allons rejoindre Simon et Noémie, deux bêtas de la meute. Maintenant que j'y pense, les tables de la cantine sont organisées en clan. Les loups restent avec les loups et les Imbert ne se mêlent surtout pas aux Raspail. J'ignore ce qu'en pensent les humains ordinaires. Ils ne se rendent peut-être compte de rien.

Le loup et moi 2 [terminée]Where stories live. Discover now