Chapitre 16

2.2K 281 34
                                    


Ne sachant comment organiser une chasse aux vampires dans les règles de l'art, il me semble préférable de commencer par trouver le plus de renseignements possible sur ces créatures. Le mercredi après les cours, je prends donc sans enthousiasme la direction de la médiathèque municipale.

Soyons franc : j'ai horreur de me rendre dans les bibliothèques où travaille ma mère. Je l'ai fait bien trop souvent dans ma vie, comme lors de mon stage en entreprise de troisième que j'avais passé chez elle, par paresse de chercher autre chose. Je le regrette un peu maintenant, parce que cela ne m'a pas vraiment aidé pour ma quête de profession. Je n'ai pas spécialement envie de devenir bibliothécaire. Il m'arrive d'ouvrir des livres, bien sûr, mais pas tous les jours non plus. Quand je ne suis pas avec Martin, mon activité préférée consiste surtout à me vautrer sur mon lit en glandant sur internet. Je peux faire cela pendant des heures de suite sans me lasser. Il est malheureusement difficile d'en faire une profession, malgré les compétences indéniables dont je fais preuve dans ce domaine.

Comme la majorité des bâtiments de Gardelune, la bibliothèque est installée dans une maison en pierres jaunes qui doit avoir quelques siècles d'existence. L'intérieur est plus chaleureux que ce que j'escomptais. Les rayonnages sont en bois clair et croulent sous des livres de tailles inégales. Quelques tables rondes en plastique sont installées ça et là et toutes sont occupées par au moins une personne. Plusieurs enfants lisent des bd assis sur des poufs multicolores, comme je l'ai fait si souvent à leur place, quand Maman m'emmenait au travail parce que personne ne pouvait me garder.

Cela ne rate évidemment pas. Dès que ma mère m'aperçoit de derrière la banque d'accueil où elle est postée, elle m'adresse de grands signes de la main, toute contente, comme si nous ne nous étions pas vus depuis trois semaines, et non depuis le petit-déjeuner. Je fais de mon mieux pour feindre de ne pas l'avoir vue, mais elle se contente de gesticuler de plus belle et je finis par m'approcher à pas lents de son bureau, mine de rien.

— Hum, quoi ? je grommelle.

— Je suis si heureuse de te voir ici, lapin ! s'exclame-t-elle à voix haute. Tu ne m'avais pas dit que tu allais venir ! Je vais pouvoir te présenter à tous mes collègues !

Je recule d'un pas.

— Ce n'est pas la peine, Maman, je murmure. Je suis un peu pressé. Je dois faire une recherche pour le lycée.

Elle me jette un regard intéressé.

— Oh ! Une recherche sur quoi ?

Je me remue les méninges aussi vite que possible.

— Euh... sur la philosophie.

Je songe à la liste que m'a remise Joséphine et qui doit toujours se trouver quelque part dans mon sac. Il faudrait bien que je m'y attèle un jour ou l'autre pour remonter ma moyenne. Autant faire d'une pierre deux coups.

Maman agite le bras dans une direction.

— Les ouvrages de philosophie sont là-bas, lapin. Je suis contente que tu t'intéresse à cette belle matière.

Je toussote.

— Oui, oui, je l'adore.

Je n'ai pas parlé de mon trois à mes parents. Je n'ai pas envie qu'ils en fassent toute une histoire. Ce n'est qu'une note. J'ai encore le temps de me rattraper. Et puis le texte était difficile. Et j'étais stressé par toutes sortes de choses.

La bibliothèque de Gardelune est plutôt bien pourvue, pour une ville de cette taille. Je tombe rapidement sur le rayon philosophie qui m'a été indiqué. Je jette un regard méfiant vers ma mère. Elle tape sur son clavier avec énergie, les yeux rivés sur son écran. J'en profite donc pour dépasser cet espace et m'engouffre dans celui consacré au surnaturel qui me paraît bien plus intéressant. Les couvertures sont plus colorées, déjà.

Le loup et moi 2 [terminée]Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα