Chapitre 38

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Harmony

Allongée dans mon lit, je fixe le plafond. Après une longue immobilité, je tourne enfin la tête vers ma table de nuit. Sept heures douze, c'est ce qu'indique le réveil posé sur le meuble.

Hier, nous avons fait nos bagages et sommes rentrés à l'agence. Durant le trajet, Aedan est resté dans son coin sans adresser la parole à personne. Et une fois de retour à Undershade, il s'est occupé d'enfermer le caporal et Rivera dans les cellules du bâtiment.

De mon côté, je suis partie me coucher, exténuée par les derniers événements. Néanmoins, j'ai mis un long moment avant de trouver le sommeil. Mon esprit était focalisé sur le mufle et son comportement. J'ai cherché en vain une explication logique à celui-ci. J'espérais d'ailleurs le voir passer le seuil de ma porte et me rejoindre sous les draps, mais il n'est jamais venu. La fatigue a eu raison de moi et j'ai fini par sombrer. Je me suis ensuite réveillée tôt, arrachée des bras de morphée par des cauchemars.

Depuis, je fixe les murs sans cesser de cogiter.

Je soupire et me lève. Je pars prendre une douche qui s'éternise, trop absorbée par mes réflexions pour donner de l'importance au gaspillage d'eau. Lorsque je me rends à la cantine, je tente de repérer une tête aux cheveux cuivrés, sans succès. Je m'empresse donc de manger et repars m'isoler dans ma chambre. Je ne peux même pas me changer les idées en allant travailler puisque nous sommes dimanche et les fonctions dites de bureau comme la mienne ne s'effectuent pas ce jour de la semaine.

Ma visite médicale de contrôle en après-midi s'avère donc être ma seule sortie de la journée, hormis les repas. Pas une seule fois, je n'ai croisé celui qui hante mes pensées.

N'y tenant plus, je décide d'aller frapper à sa porte. Après tout, il loge à côté.

Sans surprise, je n'obtiens aucune réponse. Je tente d'ouvrir le battant, mais il est verrouillé.

Où peut-il bien être ?

La salle d'entraînement est le seul lieu qui me vient en tête. Je décide donc de m'y rendre sans tarder, déterminée à mettre un terme à cette situation plus que ridicule et incompréhensible.

Lorsque je rejoins la salle, quelques espions qui ne sont pas en mission pratiquent divers exercices : musculation, sac de frappe et j'en passe. Dans le fond de la pièce, j'aperçois enfin celui que j'ai passé la journée à chercher.

Je m'avance vers lui tandis qu'il me tourne le dos, un casque sur les oreilles et un haltère dans chaque main. Je ne suis pas sûre que cette activité soit conseillée alors que ses points de suture aux poignets sont encore récents. Mais c'est Aedan, il n'en fait qu'à sa tête de toute façon.

Il porte un débardeur, j'en profite pour détailler sa musculature encore mieux dessinée par l'effort, des gouttes de transpiration roulant sur sa peau saillante.

Plutôt que de l'interpeller, je pose l'une de mes mains sur son épaule. Il pivote et lorsque ses prunelles vertes se posent sur moi, il se rembrunit.

— Je suis occupé, lâche-t-il sans même ôter son casque.

Il se retourne et reprend sa série d'exercices comme si je n'étais pas là.

Je m'en fous, on va parler.

Je le contourne et viens lui faire face. J'aborde une expression sévère pour lui signaler que je ne partirai pas d'ici avant qu'il m'ait fourni une explication. Je ne suis pas de nature têtue, mais si j'accepte de l'attendre... nous n'en parlerons jamais, puisque son but a l'air de m'ignorer.

UNDERSHADEWhere stories live. Discover now