Chapitre 7

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Aedan

Les coudes posés sur son bureau, la directrice me fixe. Depuis que je suis entré, elle n'a pas dit un mot hormis un « assieds-toi » autoritaire. Je commence à perdre patience.

— Alors, qu'est-ce que je fous ici ?

— Je t'expliquerai quand elle sera là. Je n'aime pas me répéter, me répond-elle.

Elle ?

Ma coéquipière pour une nouvelle mission, je suppose.

Au bout de longues minutes, je finis par entendre la porte s'ouvrir derrière moi. Je me tourne afin d'identifier la nouvelle arrivante. Ma mine s'assombrit quand j'aperçois Harmony. Depuis l'affaire de l'enregistreur, il y a deux jours, je l'ai évitée. Mais ce n'est pas parce que mes yeux ne l'ont plus contemplée que son image a quitté mes pensées. Mes efforts pour oublier notre discussion ont été vains. Ça m'a d'ailleurs tenu éveillé une nuit entière.

Je dois admettre que son attitude posée et l'absence de jugement dans son discours m'ont surpris. Néanmoins, je suis resté méfiant. Après tout, cette fille est psy et manipule l'esprit des autres aussi habilement qu'un bretteur manie l'épée.

Elle ne m'a fait aucune leçon de morale et s'est intéressée à mon point de vue sans faire interférer le sien. Elle est parvenue à créer un climat de confiance qui m'a arraché des aveux que j'aurais préféré taire. Elle est forte... et elle est dangereuse.

Harmony vient prendre place sur la chaise à côté de la mienne. La directrice brise cette position statique qu'elle maintient depuis trop longtemps, prête à parler.

— Nous avons réussi à localiser le concepteur de bombe qui fournit des extrémistes au Moyen-Orient. Tu iras l'arrêter, m'informe-t-elle.

Elle marque une pause et j'attends patiemment qu'elle continue.

— Tu devras y aller seul. Ses hommes de main sont très méfiants. Nos informaticiens t'ont déjà créé une fausse identité pour passer leurs premiers barrages de sécurité et pour que tu puisses l'approcher.

— Quel est son nom et où se trouve-t-il ?

Elle me tend un dossier : Brend Meijer.

— Il est planqué à Amsterdam. Le jet est déjà prêt, vous partez dans l'après-midi.

Je relève les yeux du document que j'étais en train d'étudier et répète :

— Vous ?

Je tourne la tête vers la psy. J'avais presque oublié qu'elle était là. En comprenant qu'elle va venir avec moi, je me redresse, scandalisé.

— Je n'ai pas besoin d'elle.

— Sympa, soupire la concernée.

La directrice me fusille du regard.

— Je t'ai dit que les hommes de main de Meijer étaient très prudents. Tu vas avoir besoin de ses compétences pour le rencontrer en personne. Nous n'avons presque aucune information sur son cercle rapproché. Harmony pourra te conseiller sur l'attitude à adopter.

— Mais elle n'est pas formée pour agir sur le terrain !

— Tu n'as pas ton mot à dire, me recadre froidement ma patronne. J'en ai déjà parlé avec elle, elle a marqué son accord et nous avons discuté ensemble d'un moyen d'intervenir sans la mettre en danger.

— Tu auras une caméra et un micro. Je te ferai part de mes observations de loin, précise Harmony.

Je lâche un rire sarcastique.

UNDERSHADEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant