Chapitre 31

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Harmony

J'ouvre lentement les yeux. Je bâille avant de tourner la tête. À mes côtés, Aedan est toujours assoupi. Je souris. C'est rare que je me réveille avant lui. Une fois tiré de son sommeil, il se lève immédiatement, incapable de rester sans rien faire. Voilà une caractéristique qui nous différencie, car en ce qui me concerne, il y a des jours où je pourrais passer mes journées à me prélasser dans mon lit.

Je profite de sa présence pour me blottir contre son corps. Il remue et pousse un grognement avant d'ouvrir un œil qu'il referme aussitôt. La seconde d'après, je me retrouve plaquée contre lui, la face contre sa peau. Il me serre dans ses bras comme un enfant de trois ans serre une peluche.

— J'étouffe.

Il me relâche légèrement sans me libérer de son étreinte. Néanmoins, j'ai maintenant la possibilité de lever la tête vers lui. Il affiche un sourire que je ne lui connais que trop bien.

— Il ne fallait pas te jeter sur moi, trésor.

— Je ne me jette pas sur toi, je profite de ta présence.

Depuis que nous sommes rentrés de mission et que nous avons enfin repris nos activités après plusieurs jours de repos, je m'endors à ses côtés, mais me réveille sans lui.

Je me réinstalle dans une position plus confortable et pose la tête sur son épaule. Mes doigts courent sur son torse et retracent les courbes de ses tatouages. Je finis par me redresser sur le coude pour les observer plus attentivement.

— Est-ce qu'ils représentent quelque chose ?

— De quoi ? me répond-il.

— Tes tatouages.

Il baisse le menton pour inspecter son buste avant d'ériger son bras libre vers le plafond.

— Ça dépend lesquels. Tu vois celui avec le dragon ?

Je pose mes iris sur le dessin de son avant-bras et acquiesce.

— C'est mon tout premier, j'avais dix-huit ans. Tu sais ce qu'il symbolise dans la mythologie grecque ? me questionne-t-il.

— Il est le gardien d'un trésor ou bien d'un lieu sacré. Pour y avoir accès, il faut le vaincre, c'est considéré comme une forme de sagesse.

Il rit.

— Quoi ?!

— Rien, j'avais oublié que tu étais super intelligente, s'amuse-t-il.

— Ce n'est pas de l'intelligence, mais de la culture générale.

Nous reportons notre attention sur l'encre noire de son membre et il reprend son explication :

— Par ce symbole, je voulais montrer que j'étais moi-même le gardien de quelque chose. Je voulais revaloriser la tâche ingrate qui était et qui est encore la mienne. Aujourd'hui, j'attends celui qui viendra me terrasser pour me libérer de ma besogne.

Je reste silencieuse un instant. Sa métaphore est lourde de sens et me prouve encore qu'Aedan a parfaitement conscience de l'horreur de ses actes.

— Tu peux arrêter, tu sais.

— Arrêter quoi ? lance-t-il.

— D'être une ombre. Tu peux arrêter de tuer ou de torturer pour le compte d'Undershade. Je suis certaine que la directrice comprendrait.

— Oui, elle comprendrait. Mais moi, je suis incapable d'arrêter.

— C'est faux, tu l'as fait avec Annie.

UNDERSHADEWhere stories live. Discover now