Chapitre 1

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Harmony

Je marche dans les rues d'Édimbourg, ma mallette de cuir serrée contre moi et les doigts glacés par les températures de ce début de mois de février. Sans m'arrêter, je lance un coup d'œil à la cathédrale Saint-Gilles. Depuis mon arrivée, il y a deux jours, je ne peux m'empêcher de dévorer les lieux des yeux. La capitale de l'Écosse est une ville magnifique.

Malheureusement, je ne suis pas là pour faire du tourisme et je dois lutter contre cette curiosité qui m'habite depuis toute petite. Fille d'un couple d'archéologues, j'ai beaucoup voyagé et j'ai très vite développé un intérêt pour le monde qui m'entoure. En particulier pour les monuments du passé.

C'est donc dans un soupir que je quitte cette beauté du regard pour me concentrer sur la foule. Je manque d'ailleurs de percuter quelqu'un.

Je continue mon chemin jusqu'à l'angle de la rue. Ma cliente m'a donné rendez-vous dans un bistrot. J'admets que c'est une première pour une rencontre professionnelle.

Je pénètre dans ce dernier et observe mon environnement. Rien ne m'interpelle. Un serveur vient m'aborder et je lui mentionne le nom que ma cliente m'a donné lors de notre échange téléphonique plus qu'étrange. Il était bref et mystérieux. La personne à l'autre bout du fil était autoritaire sans non plus être agressive.

L'employé acquiesce et me conduit à une table dans le fond de la salle. Une dame d'une quarantaine d'années avec les cheveux bruns attachés en un chignon strict m'y attend.

— Un café ? me propose le serveur alors que je m'installe.

Je jette une œillade à ma cliente, une tasse repose devant elle. J'en déduis que je suis aussi autorisée à demander une boisson.

Observer. Interpréter. Voilà mon métier.

— Volontiers.

Il s'en va après un signe de tête. Je reporte mon attention sur la femme. Le poids de son regard me pèse. Elle dégage un charisme naturel assez impressionnant, renforcé par sa coiffure sévère et son tailleur parfaitement ajusté.

— Harmony Davison ? me lance-t-elle.

Sa voix est aussi froide que son apparence.

— Oui, c'est bien moi.

— Merci d'être venue me rencontrer dans cet endroit... quelque peu incongru. J'ai besoin de vos compétences en analyse du comportement. Toutefois, c'est un travail qui demandera une grande discrétion de votre part.

— Bien sûr. Je suis soumise à des règles de déontologie.

Sans me répondre, elle sort un document d'une pochette et me le tend. Je le saisis et l'inspecte rapidement. Un contrat de confidentialité.

En tant que psychologue spécialisée en analyse des comportements – notamment criminels –, je suis régulièrement confrontée à ce besoin de discrétion. Néanmoins, c'est la première fois que je fais face à une telle rigueur.

Je parcours l'écrit avec plus d'attention. Il contient de nombreuses clauses.

— Tenez.

Ma cliente me tend un stylo. Je l'accepte avec une certaine réticence. J'ai déjà noté qu'elle ne s'était pas présentée. Je ne manque pas de le lui faire remarquer :

— Avant que je ne signe, puis-je au moins savoir à qui j'ai à faire ?

— Vous le saurez quand vous aurez signé.

Je reste impassible et contrôle la frustration que je pourrais laisser paraître. Ça ne me plaît pas de signer un tel document sans avoir plus d'informations, mais les clauses sont sérieuses.

UNDERSHADEWhere stories live. Discover now