UNDERSHADE

Chapitre 29

Aedan

Nous sortons tous les trois du lodge miteux. Un fourgon nous attend. Notre sac sur l'épaule, je lance un regard à Harmony qui bâille. En même temps, notre nuit a été courte. Le soleil n'est même pas encore levé. Toutefois, nous devions nous tirer loin d'ici le plus vite possible et rentrer à l'agence.

Un collègue sort du véhicule et nous invite à y entrer. La psy grimpe la première et ferme la portière.

Avant de la rejoindre, je me tourne vers le caporal.

— Tu ne m'as toujours pas dit comment tu avais réussi à joindre l'agence.

Mon ton froid est lourd de suspicions. On ne contacte pas Undershade depuis une cabine téléphonique.

— Tu n'as pas à le savoir. Heureusement pour nous, nous avons instauré des moyens de communication subsidiaires en cas de problème. Seuls les hauts gradés en ont connaissance. Donc ce n'est pas ton problème, Shadow.

Il insiste sur mon matricule pour me rappeler ma place : un simple espion en bas de l'échelle.

Je me retiens de lui cracher à la figure. Je tente de faire un pas pour contourner et monter dans le fourgon. Il me retient par le bras.

— Je ne te laisserai pas faire, me prévient-il.

Je le fusille du regard.

— De quoi ?

Il lève le regard vers la portière par laquelle Harmony est entrée dans la voiture.

— La manipuler. Tu as profité de la faiblesse que cette secte a créée en elle pour la piéger dans tes filets. Mais je m'assurerai qu'elle ouvre les yeux une fois que tout cela sera derrière nous.

Ses accusations me rendent fou. Néanmoins, je ne peux pas lui en vouloir.

Ça aurait pu être vrai. Mais pas avec elle.

— Je ne l'ai pas manipulée !

Il ricane.

— Bien sûr. Une femme intelligente avec la tête sur les épaules serait tombée du jour au lendemain dans les bras d'un criminel.

J'inspire un grand coup pour ne pas lui en coller une. Je lui tourne ensuite le dos.

— Tu es jaloux parce qu'elle t'a rejeté.

Je me souviens de cette fois, juste avant qu'on nous annonce notre mission d'infiltration, où il l'avait invitée à boire un verre. Ça crève les yeux que la psy lui plaît depuis qu'il a commencé à l'entraîner. Son ego n'a pas dû supporter qu'elle parte jouer au faux couple avec moi pendant plusieurs semaines.

— Jaloux d'une sous-merde comme toi ?

Mon sang-froid se perd dans les méandres de ma rage et mon poing vient rencontrer sa sale gueule avant même que ma raison ait eu le temps d'intervenir.

— Je suis peut-être une sous-merde, mais c'est moi qui la baise, comme tu as pu l'entendre hier !

Notre agitation a attiré l'attention de la jeune femme et de notre chauffeur.

— Aedan, qu'est-ce qui se passe ? demande-t-elle.

Antonio rit en s'essuyant sa lèvre fendue d'un revers de main. Il plante ses iris dans les miens.

— Quel avenir tu vas lui offrir, hein ?

— Bon, arrêtez vos gamineries. On doit rentrer, s'impatiente notre conducteur.