Chapitre 22

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Harmony

Confortablement enroulée dans les draps, j'ouvre les yeux. Je roule sur le dos et étire mes bras vers le haut. Un bâillement m'échappe. Je tourne la tête sur le côté, m'attendant à apercevoir Aedan, mais il n'y a personne. Je fais la moue. J'aurais aimé me blottir encore un peu contre ses abdos.

Je me lève et pars prendre une douche avant de rejoindre la cuisine. À peine ai-je passé les dernières marches de l'escalier que l'odeur de toasts grillés me monte aux narines. Lorsque j'arrive sur le seuil de la pièce, mes yeux se posent sur un Aedan concentré sur ses œufs brouillés. Je m'immobilise et le contemple.

Les images de la veille me reviennent en tête et un sourire se dessine sur mes lèvres. Je me remémore également le récit de ses souvenirs. Son histoire m'a bouleversée. Je comprends maintenant mieux sa vision des choses sur le mérite de mourir. Aedan est un enfant brisé qui a été sauvé par les mauvaises personnes. Elles ont utilisé sa souffrance pour faire de lui quelqu'un qu'il ne serait sans doute jamais devenu sans cet événement tragique.

Tandis que je l'observe, il s'active dans tous les sens pour préparer le petit-déjeuner. Maintenant, il gère à merveille. Un vrai chef.

Hier, lorsqu'il me narrait son histoire, il a souligné cette envie de toujours bouger. Apparemment, c'est un défaut qui lui était déjà reproché avant l'accident.

Un besoin de toujours s'occuper l'esprit, c'est en effet quelque chose de très marqué dans sa personnalité. Je me souviens que, dès nos premières rencontres, il tournait en rond comme une bête sauvage tant que la directrice ne lui attribuait pas une mission.

Il est hyperactif.

Ça aurait dû me sauter aux yeux dès le départ. Ça explique pourquoi, quand il était enfant, il était incapable de rester assis sur une chaise à l'école et pourquoi il courait partout le jour où ses parents changeaient le lustre.

La psy en moi se réveille et je me demande s'il est atteint d'un trouble déficit de l'attention avec hyperactivité, dit TDAH. Je ne peux pas l'affirmer sans diagnostic, mais de ce que j'ai pu constater, je dirais que non. Il n'a pas l'air de rencontrer des difficultés à se concentrer. Il a juste besoin de constamment être en mouvement.

— Laisse-moi deviner, tu repenses à notre nuit ensemble ? Je savais que tu ne pourrais plus me chasser de ton esprit, me lance-t-il.

Je m'avance et viens prendre place sur le tabouret en face du plan de travail.

— Évidemment, comment t'oublier ?

Il relève la pointe de sarcasme dans ma voix et étire un sourire en coin, amusé. Il verse les œufs brouillés mélangés à des tomates dans les deux assiettes qui comportent déjà des toasts.

— Est-ce que tu regrettes ? me demande-t-il soudainement.

Son interrogation ainsi que le ton sérieux qu'il y met me surprennent.

— Pourquoi, je devrais ?

— Je ne sais pas, tu as peut-être quelqu'un qui t'attend, quelque part, en dehors de l'agence.

J'éclate de rire.

— C'est un peu tard pour t'en inquiéter, non ?

Il se rembrunit.

— Je n'ai aucune attache, que ce soit envers une personne ou un lieu. Je suis une vagabonde depuis ma naissance.

Le seul moment de ma vie où je me suis plus ou moins installée quelque part, c'est lors de mes études. Et encore, j'ai fait des échanges dans plusieurs universités de plusieurs pays.

UNDERSHADEWhere stories live. Discover now