Chapitre 37

18.2K 1K 63
                                    


Harmony

Je regarde Aedan quitter la chambre en silence. Il n'a rien dit, il s'est contenté d'un hochement de tête. Il agit de façon étrange depuis notre réveil. Il est devenu distant, inaccessible. Il a redressé les barrières derrière lesquelles il se protégeait lorsque nous nous sommes rencontrés. J'ai mis son attitude sur le compte de la situation actuelle, bien que je trouve cela inquiétant. Il n'était pas comme ça, hier. Est-ce le contrecoup ?

J'ai décidé de lui laisser l'espace dont il a besoin pour le moment. Mais si cette phase dure trop longtemps, la psy en moi ne pourra pas s'empêcher d'intervenir.

Je repense à l'alliance, restée dans le tiroir de ma table de nuit à l'agence. J'ai cessé de la mettre, car aucune autre bague n'orne mes phalanges. Donc, contrairement à Aedan, elle ne se fondait pas dans la masse et je trouvais ça ridicule de la garder.

Jusqu'à ce qu'il m'avoue que, pour lui, ça avait de l'importance. J'avais pour idée de la faire pendre au bout d'une chaîne et de la porter en guise de collier. Mais ce traître d'Antonio m'a enlevée et je n'ai pas eu l'occasion de concrétiser mon projet.

Je reste immobile dans la pièce de longues minutes, perdue dans mes réflexions internes.

Un bruit contre la porte me tire de mes pensées. J'ouvre et mes yeux se posent sur la directrice, l'aura encore plus menaçante que d'habitude. Elle donne l'impression d'un volcan venant d'entrer en éruption.

Je me pince les lèvres et ose lui demander :

— Je peux vous aider ?

Elle soupire et entre dans la chambre. Je dois m'écarter pour qu'elle ne me fonce pas dedans. Je me mords l'intérieur de la joue, légèrement intimidée et ferme le battant.

— Je dois te parler, commence-t-elle.

— Je vous écoute.

— Tes parents sont ici.

La surprise déforme mes traits.

— Ah bon ?

— Puisque je te le dis, s'agace-t-elle.

Je ravale péniblement ma salive. Face à ma réaction penaude, elle libère la tension dans ses épaules. Elle ferme les paupières et se pince l'arête du nez.

— Désolée. Je viens de croiser McCarthy dans l'escalier. Il a joué avec mes limites alors que je suis déjà au bord de la crise de nerfs.

Ça ne m'étonne pas de lui.

Je l'observe attentivement. Elle a l'air... fatiguée. Elle court sans doute partout depuis hier et ses fonctions ne lui offrent probablement pas le luxe de se reposer.

C'est la première fois qu'elle ne revêt pas cette attitude froide qui la caractérise. Elle est épuisée, irritée, mais ça ne fait que la rendre plus humaine. Son langage non verbal est donc plus interprétable que d'habitude.

— Que voulait-il ?

Elle rouvre les paupières et me fixe. L'hésitation flotte dans son regard, ce qui accentue mon étonnement.

— Il t'en parlera, se contente-t-elle finalement de me répondre.

Interpellée, je veux l'interroger, mais elle ne m'en laisse pas le temps.

— Tes parents t'attendent dans les fauteuils de la réception. J'ai fait aménager un coin en retrait pour que vous ayez un peu d'intimité.

— Comment savaient-ils que j'étais ici ?

UNDERSHADEWhere stories live. Discover now