Chapitre 11

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Aedan

Concentré sur ma tâche, je n'entends pas Harmony descendre les escaliers.

— Bonjour, me lance-t-elle.

Je lève la tête, le fouet encore en main. Sa chevelure bouclée est attachée en un chignon haut, découvrant son cou et son oreille. Je note ce détail comme une marque de confiance, puisqu'elle déteste montrer son vitiligo. Elle l'a encore prouvé hier lors de notre rencontre avec notre voisine, ou plutôt, une potentielle suspecte.

Elle s'assied sur le tabouret en face du plan de travail, les mains cachées par son pull trop large et les jambes couvertes par son pyjama Dumbo. Je me demande à quoi elle ressemble sans ses vêtements. Son corps bicolore doit être une œuvre d'art.

— Qu'est-ce que tu nous prépares ? reprend-elle.

— Ce que je me prépare, tu veux dire ?

Si mes pensées à son égard sont brûlantes, le ton de ma voix, lui, est glacial.

Elle glisse ses prunelles sur les 4 coquilles puis sur le bol dans lequel je m'apprêtais à battre les œufs. J'avais oublié que cette fille était observatrice. Il faut que j'apprenne à dissimuler les preuves.

— Tu manges quatre œufs le matin à toi tout seul ? me nargue-t-elle. Est-ce si difficile à assumer de préparer le petit-déjeuner pour sa femme ?

Ma femme.

— Je n'ai pourtant toujours pas une place dans ton lit.

Nous dormons en effet séparément. Harmony loge dans la chambre dans laquelle sont rangées toutes nos affaires. Moi je prends celle d'à côté et prends soin de refaire le lit chaque matin comme si la pièce était inoccupée. Mesure de précaution pour la crédibilité de notre mariage.

— Je ne t'ai pas interdit d'y venir. C'est toi qui as décidé de faire chambre à part.

Un sourire prédateur fend mes lèvres. Je contourne le plan de travail et viens lui faire face. J'appuie mes mains sur le rebord de chaque côté du tabouret pour la coincer entre mes bras. Je me penche vers elle :

— Tu devrais arrêter de me provoquer.

Déjà hier, elle se faisait un malin plaisir à rentrer dans mon jeu. Elle pense ainsi me mettre au défi, mais elle ne fait que se mettre en danger. Car quand je joue vraiment, je n'ai aucune pitié pour mes adversaires.

— Sinon quoi ?

— Si je viens dans ton lit, je t'assure que tu ne seras plus capable de marcher le lendemain.

Mon visage est si proche que ma bouche frôle sa joue. Les chaînes de mon self-control se resserrent pour museler mon désir. Un jour, elles céderont.

Je me redresse. Elle m'assène un regard meurtrier.

— Tu n'es qu'un mufle.

— Ne sois pas outrée, je suis sûr que tu aimerais.

Je viens balader ma main sur sa cuisse et ajoute :

— Du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre quand on était enfermé dans ce placard.

Les traits de son visage se tordent de frustration un instant, mais un sourire léger revient aussitôt la remplacer.

— Tu te vantes d'être bon au lit, je suppose que c'est pour compenser ton niveau en cuisine ?

— Qu'est-ce qui te fait croire que je ne sais pas cuisiner ?

Elle tourne la tête vers le plan de travail.

UNDERSHADEWhere stories live. Discover now